• Votant avec mes pieds jusqu'à l'Esperanza, le bateau de Greenpeace en escale à Rouen

    Dimanche matin, nous faisons un rapide tour du marché où les livres sont recouverts d’un plastique pour cause de crachin normand, puis je propose à celle qui m’accompagne de longer la Seine jusqu’au Musée Maritime afin d’y visiter l’Esperanza, le bateau de Greenpeace en escale à Rouen après avoir été jeté dehors par les pêcheurs de Dieppe, la ville du nucléo communiste Sébastien Jumel.

    Le bateau ne s’ouvrant à la visite qu’à dix heures, nous nous arrêtons à la cafeterie (comme il est écrit au-dessus de la porte) du scouache dans lequel de jeunes hommes s’emploient à frapper un mur avec une balle. Nous y buvons un café et un thé qui nous réchauffent un peu.

    A l’heure dite, nous sommes devant la passerelle de l’Espéranza en compagnie d’une dizaine d’autres intéressé(e)s et bientôt sur le bateau où nous accueille la jeune femme chargée de la visite guidée.

    Celle-ci nous rappelle la raison de la présence de l’Esperanza dans la région. Il s’agit de dénoncer les transports de déchets radioactifs venus du Tricastin à destination de la Russie, où, au lieu d’être retraités comme le prévoit le marché passé avec les Russes, ils sont abandonnés à l’air libre répandant leur radioactivité alentour. Ces déchets voyagent d’abord en trains de nuit, dont certains passent par Rouen, puis ils partent sur le bateau russe Kapitan Kuroptev. Greenpeace s’emploie à gêner et à retarder ce transport sur terre et sur mer.

    La jeune femme nous indique que l’Esperanza est le plus gros bateau de la flotte de l’organisation internationale (heureusement sans lien avec les partis politiques et refusant les subventions d’institutions publiques ou de groupes privés). Greenpeace en possède deux autres : l’Artic Sunrise et le Rainbow Warrior Deux, le premier Rainbow Warrior ayant été coulé avec mort d’homme par les services secrets français pendant le règne du Mythe Errant (premier ministre : Laurent Fabius). Elle nous raconte ensuite l’histoire de cet Esperanza, ancien navire russe de lutte contre les incendies qui a été transformé par Greenpeace en porte-hélicoptère (l’hélicoptère étant loué quand il en est besoin) et porte zodiacs (lesquels servent aussi à courir après les baleiniers).

    Nous allons dans le poste de pilotage. Le matelot Francisco nous parle de la navigation et de l’organisation à bord où l’emploi du temps est quasiment militaire pour les trente marins bénévoles ou professionnels, filles et garçons de dix-sept nationalités, trois mois à bord, trois mois à terre.

    Avant de quitter le navire, je demande à la responsable si elle pense que le Maire de Dieppe est pour quelque chose dans l’accueil qui a été fait à l’Esperanza là-bas.

    -Je ne peux pas l’affirmer, me dit-elle, mais il est certain qu’il ne devait pas avoir envie de nous voir discuter du nucléaire et de la future centrale de Penly dans sa ville.

    -Vous en pensez quoi, vous ? me demande-t-elle à son tour.

    -La même chose que vous, lui dis-je.

    Nous la remercions et quittons le navire.

    Sur le chemin du retour, nous discutons de tout ça et celle qui me tient la main me dit qu’elle est admirative, que si elle avait de l’argent elle ferait sans doute partie des donatrices et donateurs. Ni elle ni moi ne votons pour le second tour des Régionales. Elle, parce qu’elle préfère rester avec moi et moi, parce que je n’aime pas le rassemblement des écolos du coin avec les pronucléaires du Péhesse et du Front de Gauche, écolos utilisés pour engranger des voix à gauche puis, comme l’a dit lui-même devant les caméras de télévision le futur réélu président Le Vern en s’adressant au Vert Taleb, occupés à avaler des couleuvres ; de ces adeptes de l’écologie assise, rien à espérer.

    *

    Ce lundi matin, au Fournil d’Isabelle, rue de la République.

    Une cliente, après s’être plainte de ses ennuis de santé : « Et en plus, demain, c’est la grève dans les écoles et dans les transports. »

    La boulangère : « Encore ! Y commencent à nous gonfler avec leurs grèves. »

    Moi : « Je suis très content qu’il y ait grève demain, madame, et je vais aller acheter mon pain ailleurs. »

    J’ai bien du mal à rester client d’une boulangerie.

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