• A Dieppe, le premier janvier deux mille dix

    Dans la nuit du trente au trente et un décembre deux mille neuf, l’ongle noirci de mon pouce d’orteil droit choisit de me quitter. Il me laisse comme un escargot sans coquille pour affronter la nouvelle année.

    Celle qui m’accompagne est là pour le passage et nous nous disons : point de regret pour l’an zéro neuf, nous en avons eu trop de soucis.

    Elle fait réchauffer la zarzuela tout à fait personnelle avec laquelle elle est arrivée, un nouvel exemple de son talent culinaire, zarzuela complétée d’entrées, de fromages, de vins délicats et d’un dessert offerts par sa mère. A minuit, sans la moindre originalité, nous nous embrassons sous le gui en priant pour que l’année deux mille dix nous soit favorable.

    Le premier janvier vers dix heures, sous un ciel bleu, nous prenons la route de Dieppe. Je me gare tout en haut au-dessus du château.

    Dieppe bouge en ce jour férié, des commerces y sont ouverts, des promeneurs s’y croisent, des restaurants y espèrent le client. L’édition locale de Paris Normandie titre sur le fiasco du Marché de Noël.

    Nous prenons une boisson chaude au Tout va bien puis partons pour une longue marche ensoleillée, débutant par le tour du port de pêche dont les bateaux nous font rêver, poursuivant par le quartier du Pollet où les bars sont fermés, contournant le port de plaisance, remontant la longue promenade du bord de mer jusqu’à la falaise près de laquelle je fais pipi, enfin remontant jusqu’à la voiture.

    Nous rentrons par Pourville avec vue sur la mer houleuse et grise. Il est seize heures à l’arrivée à Rouen. C’est le moment d’un deuxième repas bien arrosé. La nouvelle année commence bien.

    Je connais les mots de passe pour début janvier « Meilleurs vœux » ou bien « Bonne année, bonne santé ». Une fois sur deux, j’oublie de les formuler quand je croise qui je connais, mais chacun(e) sait que je suis ourseux de nature et peut mettre ça sur mon fichu caractère.

    Le dernier à en faire les frais, un bourgeois à chapeau qui ce matin pissait contre le mur de la maison d’en face. Il a commencé l’année en filant doux tandis que je le traitais de sarkoziste sans lui présenter mes vœux.

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