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Remontée vers Rouen, avec déjeuner à Saint-Merd-la-Breuille et nuitée à Vierzon
Ce dimanche soir arrivent à Mérigot un jeune motard et sa passagère dont c’est le premier jour de vacances. L’hôtesse les installe dans la chambre voisine de la mienne, restée vide ces deux dernières nuits. Je les entends comme s’ils étaient chez moi. Cependant, rentrés du restaurant, ils ne me dérangent que par leur bavardage alors que je m’attendais à d’autres hululements que ceux de la chouette.
Après un dernier petit-déjeuner avant tout le monde, je paie mes trois fois quarante euros, et prends la route de Beaulieu, pas loin, où une chambre serait à mon goût. Las, un panneau « Complet » indique que c’est fichu. Dès lors, je continue la remontée et entre dans le Puy-de-Dôme, passe par une autre Trémouille et par Messeix (une certaine logique se cache dans ces noms de villages) sans trouver de chambre et arrive à Eygurande, bourg de Corrèze en grand déclin :
-Y a plus rien ici, me dit la vieille mercière dont la marchandise en désordre date également.
Elle est sortie de sa cuisine pour répondre à ma question :
-Y a-t-il un restaurant à Eygurande ?
Elle m’envoie à Saint-Merd-la-Breuille (le d de Merd ne se prononce pas) chez une femme qui fait tout elle-même, c’est à volonté pour douze euros, vin et café compris, et très bon.
-C’est loin d’ici ?
-Je sais pas, c’était mon mari qui conduisait, je regardais pas les kilomètres.
C’est un peu loin, dans la Creuse, mais dans ma direction, aussi y vais-je et ne vois rien. Un autochtone à vélo et à enfant me renseigne, là-bas juste après la boulangerie. L’établissement n’a pas de nom en façade. Sur la carte que m’a donnée la mercière, il est écrit : Café Restaurant Christine Detour (comme dans les grandes maisons).
Je la trouve en cuisine et réserve une table pour midi, précisant que je viens de la part de la mercière d’Eygurande. J’ai une heure à occuper à Saint-Merd et c’est un peu trop, aussi suis-je de retour avant l’heure. Une table à un couvert m’attend. Ce sera une salade surimi pâtes lentilles laitue, puis un sauté de porc malheureusement sec avec des frites sèches.
Christine Detour me demande si je veux « une poignée de frites en plus » mais j’y renonce, de même aux fromages secs, préférant un fromage blanc avec coulis de framboise. En dessert, c’est une glace en forme de dôme. Hormis moi, ne mangent ici que des gens du pays, dont une Anglaise à cheveux blancs accompagnée de deux ouvriers qui doivent travailler pour elle et d’un paysan à bottes qui sent un peu le purin.
En entrant, l’un de ces deux ouvriers a annoncé la mort de son beau-frère, le mari de sa sœur : « Il était là, y a quinze jours, il est rentré à Paris, il a senti une douleur dans le haut du dos, il est allé se coucher, ma sœur est allée le voir, il était mort, crise cardiaque, quarante-quatre ans. »
-Mon âge, a dit la restauratrice dont les filles sont d’âge à être en maternelle.
Quand je paie, je lui dis lâchement que j’ai trouvé ça très bien.
Je reprends ma route vers le haut, m’arrête à Crocq, village médiéval à château, où il y a chambre d’hôtes à prix serré chez Colette Lafrique. Elle me dit qu’elle est désolée, elle s’en va et ne rentrera pas ce soir. Il fait gris, les paysages me plaisent de moins en moins. Je décide de mettre sérieusement le cap sur Rouen.
Plus je remonte, plus le ciel de dégage, il fait beau et chaud, on se croirait maintenant en été. Quand je commence à être fatigué de conduire, arrivé dans le Berry, je fais quelques nouvelles tentatives mais ce ne sont que chambres d’hôtes chères, de caractère. La bourgeoise de La Maison de Charlotte (« Veuillez m’excuser monsieur, je suis en tenue de nettoyage »), à Saint-Léger, commune de Meunet-Planches, me conseille l’Ibis Budget d’Issoudun. Je l’envoie paître.
C’est à L’Excess Hôtel de Vierzon que je m’arrête, établissement en rénovation, où j’ai une chambre refaite à trente-neuf euros et à ventilateur, ce dernier me rappelant New York City.
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Deux voisines à Saint-Merd-la-Breuille. L’une à l’autre, venue chez elle :
-Bon, ça fait rien, allez, allez, partez, qu’on se dispute pas.