• De Vierzon à Rouen en passant par Meung-sur-Loire et Serazereux

    Après une bonne nuit à L’Excess Hôtel, bâtiment de tôle surtout occupé à la semaine par des ouvriers, je vais petit-déjeuner et voir un peu Vierzon en passant par le pont métallique coloré de la Gare. Laissant ma voiture devant l’Hôtel de Ville, je monte dans la ville et y trouve une petite boulangerie dont la patronne m’indique le café le plus proche, un Péhemmu à vendre dont la clientèle est sans surprise (L’un en boucle : « Faut que j’aille à la Caf et à Pôle emploi, on est le cinq, y a rien d’arrivé. »). En redescendant, je passe devant un hôtel transformé en lieu d’accueil pour chats : dix chambres sont à leur disposition (c’est complet).

    Vierzon a un certain charme, une sorte de petit Orléans non rénové, mais je ne m’y attarde pas et décide de ne pas utiliser l’autoroute. La route est droite et libre. Le risque de dépasser le Quatre-Vingt-Dix est grand, mais les petites poubelles déposées devant les maisons isolées ont opportunément la forme d’un radar.

    Avant Orléans, un panache de vapeur d’eau en forme de champignon atomique m’indique que la Loire n’est pas très loin à gauche. Je prends donc la direction de Meung-sur-Loire où m’accueille un buste de Gaston Couté, poète libertaire et chansonnier montmartrois. Il y est enterré. Je fais une photo de sa tombe à croix chrétienne que nul ne fleurit. Après une balade le long du fleuve, je repars sous un soleil de plus en plus ardent. C’est un choc pour qui revient de l’automne. Je guette en chemin un restaurant pour routiers, mais il semble qu’août soit le mois de leurs vacances.

    Ce n’est qu’arrivé à Serazereux (Eure et Loir) que j’en trouve un, l’Hôtel du Péage, installé dans un bâtiment récent vaste et clair, une partie à tables nues, une partie à tables avec nappes en papier vertes. C’est par là qu’on m’installe. Un femme mangeant à la table voisine explique la chose ainsi : « De l’autre côté, c’est pour ceux qui travaillent ; de ce côté, c’est pour ceux qui se promènent. »

    Le menu est à douze euros quatre-vingt-dix avec un grand et bon buffet d’entrées à volonté (où certains qui travaillent vont se resservir trois fois). Le vin est aussi à volonté, à la tireuse où l’on remplit son pichet. Pour plat du jour, je choisis le lieu noir à sauce crustacé accompagné de flageolets aux petits lardons et ne le regrette pas. Suivent un fromage blanc et, en dessert, une mousse de coco. Le café est en sus : un euro trente.

    Cet excellent repas m’aide à poursuivre la traversée de la Beauce, cette punition infligée à qui revient de vacances, à quoi s’ajoute, in fine, la punition rouennaise : l’embouteillage permanent dû à la destruction du pont Mathilde. La promenade est terminée.

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    Finies les petites mouches du sud de la Loire, partout présentes dans les maisons, les cafés, les restaurants. Particulièrement nombreuses cette année, et dès le mois de février, m’a dit l’une des responsables de chambres d’hôtes. Des effrontées capables de se poser sur mon livre ou sur mon bras pour copuler.

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                La mouésson est mûre et les blés sont blonds ;

                I' s' pench'nt vars la terr' coumm' les tâcherons.

                Qui les ont fait v'ni' et les abattront :

                Ça sent la galette au fournil des riches.

                L’Ecole (Gaston Couté)

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    Le pont Mathilde réparé doit ouvrir le mardi vingt-six août. Il se pourrait qu’à cette occasion nos journalistes locaux évoquent une chanson de Jacques Brel.

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