• A l’inauguration de l'Atelier Point Limite (exposition photographique : Guillaume Painchault & Guillaume Laurent)

     Ce vendredi treize décembre, je cherche sur mon plan de Rouen la rue Georges-d' Amboise où, à dix-neuf heures, doit être inauguré l'Atelier Point Limite qui sera désormais le lieu de travail des photographes Guillaume Painchault et Guillaume Laurent (je connais un peu le premier, venu me photographier à la maison le mardi dix mars deux mille neuf pour une exposition n’ayant pas encore eu lieu). Je la trouve, dans un coin où je ne vais presque jamais que l’on atteint à pied en traversant au péril de sa vie l’autoroute urbaine dénommée boulevard des Belges.

    J’arrive sain et sauf un peu avant l’heure officielle mais pas le premier. Je salue les deux Guillaume et embrasse une ancienne collègue d’école qui connaît celui que je ne connais pas. Fidèle à sa renommée, elle a apporté avec elle tout ce qu’il faut pour confectionner l’excellent mojito dont elle a le secret. Il ne faut pas longtemps pour que j’en aie un grand verre à la main.

    L’endroit est assez petit, dont les murs sont couverts d’un mélange des photos des deux montrant une diversité de sujets.

    -C’est toi cette photo ? demande l’une à l’un des Guillaume.

    -Non, c’est Guillaume.

    J’ignore lequel a repéré la jolie blonde à casquette de chef de gare qui envoie le train vers Motteville sur le quai d’en face lorsque je prends celui qui va à Paris. Sur la photo, elle a le regard noir de la fille qui n’a pas envie d’être prise. C’est ma préférée.

    Un inconnu me regarde fixement. Je lui demande si on se connaît. Il me dit que non et me demande qui je suis ici :

    -Personne, je connais un  peu l’un des Guillaume.

    Nous en restons là. Je reprends un verre de mojito et grignote les bonnes choses artisanales posées sur la table. Beaucoup de monde est là maintenant. Pas mal des présent(e)s proviennent du milieu des beauzarts, certains avec un gros sac à dos qu’ils n’ont même pas idée de poser dans un coin. Un musicien nommé Nicolas Lelièvre se lance dans un solo de batterie expérimental.

    J’échange quelques mots avec la fameuse Zoé de Grand Rouen. Elle y termine son stage, m’apprend-elle, et va connaître l’incertitude à laquelle sont condamnées les personnes de son âge. Un troisième verre de mojito est tentant mais j’y renonce, ne voulant pas atteindre mon point limite.

    La musique expérimentale improvisée reprend avec le duo Jean-Luc Petit à la clarinette et Benjamin Duboc à la contrebasse. Cela me plaît bien. J’écoute encore un morceau joué en trio avec le batteur et puis ouvre mon parapluie rue Georges-d’Amboise dans la nuit noire et la brouillasse.

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    Rentré à la maison, un message de l’Opéra de Rouen sur le réseau social Effe Bé pour se féliciter d’être au menu de Masterchef se met à table sur Téheffun suite à la soirée Chef Oui Chef (Vivaldi Rugby Gastronomie).

    « Pas de quoi être fier. », tel est mon commentaire.

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    Sujet de thèse pour apprenti sociologue : L’omniprésence de la cuisine comme révélateur de l’abêtissement généralisé et du retour aux saines valeurs.

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    Ce samedi matin, revenant du marché avec un sac de pommes de Jumièges à la main, je croise deux hommes souriant comme des ravis de la crèche. L’un d’eux me montre un petit carton où est écrit Pauvreté Violence Indifférence, etc. et me demande lequel de ces maux j’aimerais voir disparaître en premier.

    -Pourquoi pas tous, lui réponds-je, avec l’aide de Dieu bien sûr

    -Ah vous êtes croyant, se réjouit ce Témoin de Jéhovah.

    Je le détrompe.

    -Toutes les preuves de l’inexistence de Dieu sont sur votre carton, lui dis-je.

    Il me souhaite une bonne journée.

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