• A Louviers, pour la vente de livres du Secours Populaire

    Samedi matin, je prends la route de Louviers où se tient au Moulin une vente de livres organisée par le Secours Populaire local. Où donc est ce Moulin ? Du côté de la Porte de l’Eau, m’a-t-on dit la veille au téléphone. Je connais cette place où se tenait autrefois l’usine des plastiques Pleyel que je me souviens avoir vu brûler (j’étais lycéen peut-être), un des plus beaux incendies auquel il m’a été donné d’assister.

    Je demande le Moulin à un pêcheur qui trempe son fil dans l’Eure. Il ne sait rien de cet endroit dont je découvre l’entrée juste après, à trois mètres de lui. C’est un ancien bâtiment industriel en briques rouges qui plairait bien à celle qui n’est pas là mais avec qui j’ai passé une chaude après-midi hier. On y fait des concerts et d’autres activités culturelles. L’Eure l’entoure de ses bras et y pousse un Arbre du Millénaire.

    Ce jour, plusieurs associations y sont installées dont le Secours Populaire et ses livres d’occasion à vendre. Je suis en avance évidemment mais les bénévoles du Secours Pop me laissent entrer, qui sont bien différent(e)s des Rouennais(e)s. Ici, on est décontracté, sociable et souriant et les livres à un prix dérisoire. Quatre livres de poche pour un euro, qui dit mieux ?

    Je repars avec un sac bien rempli. Dans mon butin, un ouvrage dont j’ignorais jusqu’à l’existence : Vivre autrement dès maintenant, un dossier du Mlac Rouen Centre publié dans la Petite Collection des Editions Maspero en mil neuf cent soixante-quinze. Ce livre relate deux ans de pratique du Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception à Rouen.

    Je n’ai pas fait partie du Mlac mais je l’ai accompagné dans les moments forts de sa lutte. Je me souviens particulièrement des projections du film Histoire d’A de Charles Belmont et Marielle Issartel en soixante-treize. Ce film qui montre un avortement par la méthode de Karman était totalement interdit de projection par le Ministre de la Culture, Maurice Druon.

    Je l’ai vu deux fois, cette année-là. La première, c’était à Evreux, rue Victor-Hugo, dans l’un des cinémas d’Ageorges père, un homme courageux, la bobine pouvait être saisie à tout moment par les forces de l’ordre et lui avoir de sérieux ennuis. La seconde fois, c’était quelques jours plus tard à Rouen où parmi les propriétaires des nombreux cinémas d’alors, aucun n’avait fait montre de courage. La projection eut lieu à la Halle aux Toiles, clandestinement, dans une salle louée à la Mairie de Rouen (époque du Canuet) au nom d’une association bidon (Jean-Baptiste Clément). Les plus costauds des gauchistes (comme on disait alors) attendaient dans l’escalier la maréchaussée qui ne vint pas.

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    Rentré à Rouen, ce samedi, je signe une nouvelle fois la pétition contre la fermeture des marchés à treize heures ou plutôt j’en signe une nouvelle mouture, non plus centrée sur la défense du commerce ambulant mais sur la perte d’animation qu’entraînerait le fâcheux projet de Madame le Maire. On se presse autour de cette pétition et j’entends des « Quand je pense que j’ai voté pour elle ».

    Ce n’est pas la première fois, j’ai déjà entendu ça lors du massacre de la Médiathèque, lors de la fausse consultation sur l’avenir de l’espace dégagé par la démolition du Palais des Congrès, lors de la parution de nouveaux textes municipaux restreignant les activités des bars de nuit, lors de la réception par des associations d’amendes pour affichage libre. A chaque fois : « Quand je pense que j’ai voté pour elle ». Il ne va pas lui en rester lourd des électeurs et des électrices à Valérie.

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    Encore une belle bessonnerie locale, madame Karapetian et Hranush, l’une de ses filles (mineure), que j’étais allé soutenir il y a quelque temps devant le Tribunal Administratif de Rouen, ont été arrêtées jeudi dernier, à neuf heures vingt-cinq, dans leur appartement de Maromme, par huit policiers assistés d’un interprète (son mari et son autre fille, absents, ont échappés à l’arrestation).

    Embastillées au Centre de Rétention de Oissel, elles ont comparu ce samedi devant le  juge des Libertés et de la Détention qui les a libérées, l’arrestation étant entachée d’irrégularité.

    Pendant cette audience, où je n’ai pu être mais où se trouvaient beaucoup d’autres membres du Réseau Education Sans Frontières et le Maire de Maromme, il a été fait état de la lettre du Préfet de Seine-Maritime aux policiers. Elle dit ceci : « L’enfant mineur étant scolarisé, vous voudrez bien  procéder à ces investigations au cours de la période des vacances de Pâques. »  Nous avons à Rouen pour Préfet un fin tacticien.

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