• A Paris, le temps d’un chaud mercredi (Un)

    C’est aussi la rentrée pour la Société Nationale des Chemins de Fer où la nouvelle saison semble dans le prolongement des précédentes car, alors que je suis à attendre le direct de sept heures vingt-six pour Paris ce mercredi, une voix masculine annonce sa suppression en raison d’une « avarie matérielle ». Il est conseillé de prendre le train de sept heures douze dont le départ sera retardé à sept heures vingt-sept. J’y trouve donc place et découvre qu’il s’arrêtera dans toutes les gares, même celles de Bonnières et de Rosny-sous-Bois, près de deux heures pour aller de Rouen à la capitale.

    J’arrive peu avant dix heures rue du Faubourg Saint-Antoine. Le temps de lire Libération et Le Parisien au comptoir du coin et c’est l’ouverture de Book Off où l’on semble n’avoir guère renouvelé les rayons depuis mon dernier passage. Je ne m’y attarde pas.

    L’un de mes lecteurs m’ayant indiqué la bouquinerie Oxfam, rue Saint-Ambroise, je m’y rends à pied, passant par l’avenue Ledru-Rollin dans laquelle je découvre Betty Books, petite librairie américaine, et Au roi du boudin et du pâté de tête, charcuterie traditionnelle. Je tourne à gauche, boulevard Voltaire, une artère bien moins attrayante, boutiques chinoises de prêt à porter en gros, et arrive devant une église assez laide judicieusement nommée Saint-Ambroise.

    La bouquinerie Oxfam est de couleur verte. Ses prix sont au niveau des petites boutiques de livres d’occasion, bien que les siens lui soient donnés (c’est pour une bonne œuvre). De plus, ce jour, il y fait trop chand. J’en ressors donc sans avoir fait une bonne action.

    Revenant par la diagonale, la rue Popincourt (vêtements en gros et demi-gros itou), je passe au bout de l’impasse du même nom, qui me rappelle quelque chose. Je crois me souvenir qu’il s’y trouvait un haut lieu de la contestation dans les années Soixante-Dix, mais quoi ? Peut-être est-ce que cela avait un rapport avec les Insoumis et les Objecteurs.

    Revenu avenue Ledru-Rollin, je m’installe en terrasse au Petit Bougnat dans le but d’y déjeuner. Près de moi, un homme jeune prend un café, bientôt rejoint par une jeune femme. Je comprends vite que j’ai affaire à la Police (le Commissariat Central du Onzième Arrondissement est presque en face). Tandis que je mange (salade de lentilles au thon, travers de porc grillé purée, tarte au citron meringuée, douze euros cinquante) en buvant un quart de côtes-du-rhône (cinq euros vingt), j’écoute leur conversation.

    Lui est un nouvel arrivant dans la capitale, elle, une sorte d’assistante sociale qui lui donne les bons plans du parfait flic parisien : où il peut s’entraîner au tir « Tu viens avec ton pétard », où il peut faire de la lutte, etc.

    -Tu sais qu’à Paris il y a des piscines gratuites pour les collègues ?

    Il ne le savait pas, Elle lui enverra tout ça par mail. Quand tous deux traversent la rue vers le Commissariat, je constate qu’il le porte à la ceinture, son pétard.

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