• A proprement parler

                Il y a je ne sais combien de temps une bonne âme a écrit sur le mur d’en face de chez moi « aimez vos enfants, c’est nettoyer la terre ». Cette niaiserie fait beaucoup parler le passant et la passante, souvent touristes, qui trouvent ça poétique ou joli. N’en pouvant plus, l’autre matin, d’un coup de feutre, je corrige l’assertion qui devient : « calmez vos enfants, c’est nettoyer la terre ». Depuis, les parents passant par là s’interrogent.

                Peut-être qu’ainsi ce graffiti sera nettoyé. J’en doute cependant, car depuis fort longtemps, que ce soit la droite ou la gauche à la Mairie, nul ne s’en soucie, sauf quand le propos n’est pas flatteur pour la ville qui se prétend capitale de la Normandie. A l’entrée de la venelle, un « Rouen, ville pourrie, trou mort » n’a pas fait long feu.

                En revanche, depuis quelque mois, la municipalité de gauche fait mieux que l’ancienne droite pour le balayage. Chaque matin, fort tôt, passe l’employé municipal. Il ramasse les déchets des nuitard(e)s, sans oublier les crottes de chien particulièrement nombreuses en ce moment, au point que l’on pourrait rebaptisé la ruelle, non pas comme le suggérait il y a quelques mois un comique embauché par l’Office du Tourisme en rue de la Fente (parce qu’elle est étroite) mais en rue de la Merde de Chien.

                De gros chiens la fréquentent attachés à leurs propriétaires. Les uns et les autres sont patibulaires, les premiers prêts à te bouffer, les seconds pas du genre à qui on peut dire : « Eh coco, le truc tombé par terre, tu peux pas le mettre dans ta poche ? »

                Ces pseudo révoltés, avec les fringues et la chevelure qui conviennent, amateurs de foute, de bière et de musique à sauter en l’air, ne vont tout de même pas ramasser la merde de leurs chiens; mais quand ils auront des enfants, ils les aimeront beaucoup.

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