• Alexandre Tharaud joue Scarlatti et Chopin à l'Opéra de Rouen

    Dilemme jeudi soir : Thomas Fersen chante au Théâtre Charles-Dullin du Petit-Quevilly et Alexandre Tharaud joue à l’Opéra de Rouen. J’opte, après moult hésitations, pour le piano.

    Le moment venu, je découvre que j’ai une très mauvaise place au fond du deuxième balcon. La renommée d’Alexandre Tharaud est croissante, le public de plus en plus nombreux. Je me glisse clandestinement dans une loge, d’où je suis bientôt délogé. Un placeur me dit d’attendre à la porte de la corbeille. L’espoir est mince, d’autres sont aussi sur le coup mais, de découragement en découragement, nous ne sommes plus que deux quand les portes vont se fermer. Avec l’accord du placeur, je peux occuper un siège dans une autre loge, côté jardin, avec vue sur le clavier, parfait.

    Alexandre Tharaud et sa tourneuse de pages entrent en scène. Ce sont d’abord six sonates de Domenico Scarlatti. Je me laisse emporter par la musique et le jeu des doigts sur le clavier, lesquels sont doublés sur le bois verni de l’instrument. Je suis hélas ramené à la réalité entre deux sonates par des toux de plus en plus insistantes.

    L’une de mes voisines fulmine :

    -C’est incroyable, on se croirait dans un sanatorium.

    Mon voisin de gauche me dérange aussi, qui se recoiffe de la main, plie et déplie son programme, le glisse dans sa poche, le ressort, un comportement de branlotin d’autant plus pénible qu’il est plus vieux que moi.

    Je me réfugie dans ma bulle pour la seconde partie du concert consacrée à Frédéric Chopin : nocturne, fantaisie, nocturne, fantaisie, mazurka et ballade. Chopin a deux cents ans en deux mille dix. C’est son année, disent les commerçants.

    Le talentueux pianiste est rappelé quatre fois, puis il temps de rentrer.

    Traversant en diagonale le parvis de la Cathédrale, je constate que, pendant mon escapade parisienne, l’immense photo cachant les ruines du Palais des Congrès a disparu.

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    Publicité Esse Effe Erre pour sa clé Internet : « Loin du bureau, je suis encore au bureau ». Elle est loin l’époque du Ministère du Temps Libre.

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