• Allons voir à quoi ça ressemble, les Docks Soixante-Seize

    Jeudi vers quinze heures, je quitte mon logis afin d’aller voir à quoi ça ressemble l’intérieur des Docks Soixante-Seize, ce bien beau centre commercial excentré voulu par Albert (tiny), ancien maire de droite, et inauguré par Fourneyron (Valérie), maire de gauche (paraît-il).

    J’ai vu des images à la télévision de cette cérémonie : Madame le Maire descendant un escalier mécanique en compagnie de son mauvais génie, Laurent le Fabuleux. Au pied de l’escalier, des musicien(ne)s de l’Opéra de Rouen donnaient l’aubade, dirigé(e)s par Oswald Sallaberger. La culture prostituée par le commerce et la politique, c’est une vieille histoire.

    Je vais à pied, passant par le quai au long duquel les branlotin(e)s découvrent la sexualité. Mon attention, tout à coup, est détournée de ce spectacle par une fumée noire qui monte dans le ciel du côté où je vais. Il ne faudrait pas quand même que les Docks brûlent le jour où je me décide à aller y voir.

    Plus j’avance et plus le panache de fumée noire s’épaissit. Je vois maintenant que les Docks sont indemnes. Cela vient de derrière, et là je suis vraiment inquiet, car s’y trouve le Hangar Vingt-Trois. Passé le pont Flaubert, je découvre ce qu’il en est. L’usine Roubois, proche de la salle de spectacle et plus ou moins désaffectée, brûle. La fumée noire monte haut dans le ciel, passe par-dessus les Docks Soixante-Seize et retombe sur la ville. Des pompiers s’occupent à éteindre l’incendie.

    J’entre dans le centre commercial. C’est tranquille. Peu de monde dans les immenses allées. Des boutiques sur les côtés, quasi désertes, dans lesquelles je ne mets pas le pied. Je grimpe au premier, c’est la même chose, puis au deuxième, c’est le cinéma Pathé, sous les toits (il y fait trop chaud, m’a-t-on dit). Je redescends, regarde d’un peu plus près la faible clientèle dans les magasins. Je sors mon carnet pour noter : chez Orange personne, chez Subway personne, chez Jeff de Bruges personne, chez Petit Bateau personne, chez Mango trois, chez Esprit ça ne va pas fort non plus. Les cases vides sont obturées par un optimiste « Bientôt ici une nouvelle boutique ». Un vigile me regarde bizarrement. Quelqu’un qui écrit, c’est toujours suspect. Je range mon carnet et quitte les Docks Soixante-Seize.

    Bon, ça tiendra bien jusqu’à Noël.

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