• Au colloque international La retraduction en littérature de jeunesse à l’Université de Rouen

    C’est d’abord pour écouter la communication de Loïc Boyer au colloque international La retraduction en littérature de jeunesse que je prends un Teor Un pour Mont-Saint-Aignan vendredi matin, mais comme le sujet m’intéresse en tant que tel j’arrive à la Maison de l’Université dès dix heures.

    Je trouve peu de monde dans la salle de conférence. Les colloqueux et les colloqueuses s’écoutent les uns les autres. Ne leur tiennent compagnie que quelques étudiant(e)s. Presque tout le monde prend des notes.

    Roberta Pederzoli, de l’Université de Boulogne, est en train d’évoquer les retraductions des contes de Perrault en italien. Je note le mot parataxique.

    Lui succède Muguraş Constantinescu de l’Université de Suceava. Elle évoque la retraduction des contes de Perrault et de Mme d’Aulnoy en roumain. Je note cette réjouissante citation L’enfant et l’éducation sont de parfaits prétextes à l’aseptisation et à la médiocrité sans avoir le temps d’attraper le nom de son auteur.

    Des questions? demande la présidente de séance, Catherine Delesse, de l’Université de Nancy, Il y en a, en français et en anglais, posées par les colloqueux et les colloqueuses à leurs collègues. Les étudiant(e)s s’abstiennent. Je songe aux romans de David Lodge.

    Après une pause café, intervient Chiara Galletti, de l’Université de Tampere, en anglais. Je comprends donc peu, suffisamment pour saisir qu’elle évoque à travers les livres de Tove Jansson, la question de la ghost translation (le traducteur fantôme est un expert en langue, il fait une traduction littérale, laquelle est ensuite réécrite littérairement par celui qui sera crédité de la traduction, souvent un écrivain reconnu pour ses compétences stylistiques).

    C’est enfin le tour de celui qui m’amène ici, ainsi présenté par la présidente : « Loïc Boyer, graphiste indépendant, créateur du site Cligne Cligne Magazine, responsable de collection chez Didier Jeunesse ». Il commence par rappeler que le graphiste fait le lien entre texte et image puis en vient à son sujet « Les albums retraduits sont-ils formellement réactionnaires ? ». Plutôt que d’albums retraduits, il est question d’albums republiés. Images à l’appui, via PowerPoint, Loïc Boyer montre que « ces nouvelles éditions ont l’air plus anciennes qu’elles ne le sont ». « Comme ces étudiants qui se laissent pousser la barbe pour avoir l’air plus vieux », ajoute-t-il (lui-même barbu). Je remarque qu’on ne prend plus de notes dans la salle. C’est qu’on n’est plus dans son domaine de compétence (comme on dit ici). L’intervention de Loïc Boyer est destinée à mettre un peu d’air dans le colloque. Il s’y prend bien, comme s’il faisait ça toutes les semaines. Le timbre de sa voix, son intonation, son débit et ses traits d’esprit ne sont pas sans me rappeler ceux de Thomas Clerc, chroniqueur au RenDez-Vous de Laurent Goumare sur France Culture.

    Il conclut en répondant à sa question (« Les albums retraduits sont-ils formellement réactionnaires ? ») :

    -Oui … mais c’est pas grave.

    Après quelques questions, c’est l’heure du déjeuner. Colloqueuses et colloqueux mangent ensemble, étudiant(e)s je ne sais où, et moi au Colbert d’une bruschetta au jambon de pays, emmental, pommes de terres, salade. A la table voisine, on parle de polycopiés et de conseils d’administration. En face, un ouvrier et son apprenti mangent en lisant chacun leur Paris Normandie sans échanger un seul mot.

    Je prends un café et retourne la Maison de l’Université pour y entendre la première intervention de l’après-midi : « Tomi Ungerer : la traduction palimpseste », menée conjointement par Anne Schneider, de l’Université de Caen, et Thérèse Willer, Conservatrice du Musée Ungerer à Strasbourg. J’en suis déçu. Je connaissais déjà l’essentiel de ce que Thérèse Willer dit d’Ungerer. Quant à Anne Schneider, elle soulève un problème de traduction dans l’édition allemande (un passage sur l’étoile jaune édulcoré par rapport à la version française) mais avoue ne pas avoir la réponse à sa question, n’ayant interrogé ni le traducteur ni l’éditeur allemand.

    Je ne reste pas pour la suite, c’est en anglais. Teor me ramène à Rouen.

    *

    Le soir venu, je retrouve Loïc Boyer pour un dîner en tête à tête à la Rose des Vents, le restaurant brocante rue Saint-Nicolas, où il est bien connu. Nous y mangeons et buvons des choses délicieuses aux noms compliqués tout en devisant.

    *

                La parataxe est un mode de construction par juxtaposition de phrases ou de mots sans aucun mot de liaison, m’apprend Ouiquipédia.

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