• Au gigantesque vide grenier de Bihorel

    Dimanche, après avoir le matin fait en duo moult allées et venues sur le quai aux livres de Rouen, c’est en solo que je parcours l’après-midi le gigantesque vide grenier de Bihorel à la recherche d’un livre ou d’un cédé qui jusqu’ici m’aurait manqué.

    Tant de vendeuses et de vendeurs ne proposent que de la layette et des jouets pour la marmaille. Si j’étais dictateur de vide grenier, je les caserais à part sur une place où je n’aurais pas à mettre les pieds. De quoi être moins fatigué que je ne le suis lorsque je reprends ma voiture.

    Je rapporte deux livres intéressants de Bihorel. Pour celle qui s’apprête à rejoindre Paris : L’espèce humaine de Robert Antelme (Tel Gallimard) et pour moi Parloir (une vie régulière au Bec-Hellouin) (Seghers).

    Parloir date de mil neuf cent quatre-vingt-neuf et reprend les entretiens de Jean-Paul Cayeux, cinéaste, avec certains moines de l’Abbaye Notre-Dame-du-Bec, entretiens réalisés pour le film du même nom que j’ai vu en son temps à la télévision.

    Parmi les interrogés, le Père Abbé (dont je tais le nom), moine élu pour diriger la communauté, vingt-sept ans de vie monastique. Jean-Paul Cayeux le questionne sur la chasteté, à quoi il répond :

    « Il est vrai que, pour un homme ou pour une femme, faire l’expérience ou de la virginité ou de la chasteté, c’est-à-dire un propos de vie chaste, sans rapport sexuel avec un homme ou une femme, cela se ressent dans le corps, dans l’esprit, dans le cœur ; dans la mesure où dans cette expression sexuelle, érotique au bon sens du terme, de l’amour humain, il y a de fait toute une gratification, il y a toute une expérience de plaisir, de joie, de communion,… il y a toute une symbolique très riche et très dense, tout un langage extrêmement beau et fort quand il est bien vécu… A tout cela nous renonçons. »

    Peu après, on découvrit que le Père Abbé avait des relations sexuelles avec la Mère Supérieure du Monastère Sainte-Françoise-Romaine, qui duraient depuis longtemps et firent scandale jusqu’au journal télévisé de vingt heures.

    Séparés et démis de leurs fonctions, les deux amants furent envoyés dans de lointaines maisons religieuses où ils eurent le loisir d’expier.

    Ce qui m’intéresse surtout dans cette histoire, c’est le mensonge.

    *

    L’exposition à laquelle on a échappé en septembre à Rouen, celle consacrée à Hara-Kiri, le défunt journal bête et méchant, qui devait avoir lieu à la bibliothèque Saint-Sever, annulée pour d’obscures raisons de droits . Cette exposition aurait été interdite aux moins de seize ans selon la déplorable manie actuelle alors même qu’elle prétendait s’intéresser au problème de la censure. On aurait pu l’appeler « La censure par l’exemple ».

    *

    Le ridicule titre de Texto, le journal municipal des bibliothèques de quartier de la ville de Rouen, pour l’inauguration prochaine de la petite dernière nommée Simone de Beauvoir : « En voiture Simone ! ».

    Pourquoi pas « Simone, celle qui rit quand on la ramone ! »

    *

    « Dans ma première jeunesse ne me séduisaient que les bibliothèques et les bordels », écrivait Cioran à l’un de ses amis. Je suis né trop tard pour les bordels mais j’ai bien profité de la bibliothèque municipale de Louviers.

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