• Au Planning Familial de Rouen, il y a trente ans

                Le Planning Familial est en rogne contre le Tout Puissant de la République et son gouvernement qui cette année lui ôtent quarante-deux pour cent des subventions de l’Etat, une décision consternante. Je songe à toutes ces jeunes filles pour qui cette adresse est une bénédiction. Échappant à l’oppression familiale, elles y obtiennent un moyen de contraception à l’insu de leurs parents. Cette association est un service public et comme tel devrait être directement financée par l’impôt.

                Je me souviens comment et pourquoi, il y a au moins trente ans, j’en fus client moi aussi. Il n’y a pas que le sexe féminin pour avoir besoin du Planning.

                C’est que depuis que je suis en âge de réfléchir à la question, je ne veux pas d’enfant. Cela pour plusieurs raisons, parce que le monde tel qu’il est (et qu’il sera) n’est pas un cadeau à faire à un enfant, parce que je trouve fou de donner volontairement la vie à quelqu’un(e) qui mourra, parce que dans chaque bébé je vois le vieillard grabataire et incontinent.

                Las de faire subir la prise de pilules à mes partenaires (comme on dit), j’allais un jour d’il y a trente ans, ou un peu plus, pousser la porte du Planning de Rouen afin de savoir où et comment bénéficier d’une vasectomie.

                J’y fus très bien renseigné, adresse d’une clinique à Londres avec les noms des infirmières parlant français, hôtel proche et plan du métro, de quoi me contenter.

                C’est alors que la conseillère, d’une question, jeta le trouble dans mon esprit :

                -Vous êtes-vous déjà demandé si ce désir de ne pas avoir d’enfant, avec le risque d’en avoir un malgré tout si votre partenaire ne s’en empêche pas, ne joue pas un rôle primordial dans votre sexualité ?

                C’est une putain de bonne question, comme on dit maintenant sur Canal Plus.

                Arrivé là avec la ferme intention de passer à l’acte, je suis reparti sans savoir si.

                Plus de trente ans que j’y réfléchis et n’ai toujours pas la réponse.

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