• Au Tribunal Administratif de Rouen pour soutenir un étudiant en sport menacé de reconduite à la frontière

    Jeudi, un peu avant onze heures, j’entre dans le Tribunal Administratif de Rouen et dois faire face à un comité d’accueil constitué d’une huissière à stylo et d’un huissier costaud.

    -Vous êtes monsieur ? me demande-t-on.

    -Je ne pense pas avoir à donner mon nom.

    -On nous a demandé ça, c’est pour le plan Vigie Pirate.

    -Je suis du Réseau Education Sans Frontières.

    -Ah bon, d’accord.

    Voilà donc le Tribunal Administratif de Rouen menacé par le terrorisme international et susceptible de sauter à tout moment. Je n’en ai que plus de mérite à venir y soutenir ce jour un étudiant en sport menacé d’une reconduite à la frontière (comme ils disent).

    Bientôt, je suis rejoint pour une huitaine d’autres membres du Réseau et quelques étudiant(e)s venu(e)s aider leur camarade originaire de Guinée Conakry. Après l’attente d’usage, le Tribunal s’installe et traite de trois affaires du même genre avant d’en arriver à celle pour laquelle nous sommes assis au fond de la salle.

    Le jeune homme est là derrière son avocat. Celui-ci essaie d’obtenir le renvoi de l’affaire en raison de nouveaux éléments qu’il n’a pas eu le temps de joindre au dossier. Le Président du Tribunal refuse, lui indiquant qu’il peut faire connaître ces éléments nouveaux sous forme de notes en délibéré. Plus qu’à plaider : le jeune homme est un sportif de haut niveau, il s’occupe d’un cleube de foute dont il est l’éducateur spécialisé, le Président de l’Université de Rouen et la Députée Maire de Rouen le soutiennent. La Rapporteuse Publique n’en conclut pas moins au rejet de la requête.

    Nous nous levons d’un coup d’un seul et quittons la salle. La décision sera rendue dans plusieurs semaines.

    *

    La féminisation des noms de profession ou de fonction (qui m’est chère) ne marche que sur une jambe au Tribunal Administratif de Rouen. Les juges parlent à l’aise de la Préfète de l’Eure mais continuent à dire Madame le Rapporteur Public.

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    Vue à la télévision : Valérie Fourneyron, Maire, annonçant la poursuite des Vingt-Quatre Heures Motonautiques de Rouen mais en arrêtant la course la nuit et à chaque passage de péniche, un bel exemple de courage politique.

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    Me demande si cela continuera à intéresser ceux et celles qui y venaient, l’orgasme n’arrivant qu’en cas d’accident et l’accident arrivant le plus souvent la nuit ou lors d’un croisement de péniche (comme l’an dernier avec celui bien réussi de la mort du gendarme).

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