• Aux vide greniers de Mont-Saint-Aignan et de Franqueville-Saint-Pierre

    Le beau temps étant assuré ce dimanche, je mets le réveil à cinq heures et dès six heures suis au lieu-dit Le Village à Mont-Saint-Aignan, banlieue rupine de Rouen. Comme la veille à Oissel, une longue file de voitures témoigne du nombre de vendeuses et vendeurs non encore installé(e)s mais là l’organisation du vide grenier laisse à désirer. Certain(e)s se sont installé(e)s à la place d’autres qui doivent se rabattre ailleurs. Comme on est entre gens bien élevés, les discussions restent civiles. Trois policiers municipaux patrouillent cependant et cela finit par s’arranger.

    Je patrouille également, en ce lieu qui ne manque pas de livres à vendre et d’objets de toutes sortes qui intéressent autrui. Un homme s’étonne des vingt euros demandés pour une toute petite boîte qui n’a l’air de rien :

    -C’est ancien ?

    -C’était à ma mère, lui répond le vendeur, c’est au moins aussi ancien que ma mère.

    Un peu plus loin, un autre joue les grands seigneurs :

    -Je ne dénigre jamais l’objet que je veux acheter.

    On entend des choses comme :

    -J’ai acheté ça sur la Côte d’Azur.

    Une fillette de vendeuse demande s’il y aura de l’argent pour elle à la fin de la journée :

    -On verra ce qu’on gagne et selon, on te donnera des billets.

    -Des billets !

    Des billets, je n’en dépense pas, mais quelques pièces me permettent d’acheter des livres qui ne m’étaient pas indispensables, contrairement à la promesse faite à moi-même il y a quelques semaines.

    Je récidive plus tard à Franqueville-Saint-Pierre, banlieue rurale de Rouen, où le vide grenier se tient sur le parquigne d’un Super U entouré de champs verts. J’y découvre l’existence de la poubelle anti odeur pour couches de bébé, une sorte de cylindre à manivelle, dont je suis bien content de n’avoir pas l’usage.

    *

    Le Son du Cor, dimanche midi, deux filles à la table voisine. L’une raconte à l’autre qu’il y a eu bisbille avec son copain parce qu’elle n’a pas voulu l’aider à préparer son déménagement :

    -Alors je lui ai dit : « Tu veux que je te fasse bien mal ? » et je lui ai dit que j’avais embrassé un autre garçon, mais je lui ai pas dit le reste. Du coup, il s’est barré en soirée avec des copains à lui. À trois heures du matin, il m’a envoyé plein de textos : « Maintenant je sais que tu es une pourrie mais je crois que je vais pas te quitter ». Le pire, c’est que je m’en veux pas. Il m’a demandé si je m’en voulais, j’ai pas répondu.

    Elle espère que ça va s’arranger avec le déménagement puis ajoute :

    -Si j’ai pas de remord, je crois que c’est parce que lui aussi l’a fait il y a trois mois.

    Sa copine lui dit qu’elle vient de mettre le doigt dans un engrenage, qu’il ne va pas se gêner pour recommencer avec une autre maintenant.

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