• Bernard Clarisse s'expose à l'Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Mont-Saint-Aignan

                Evidemment, c’est risqué pour moi de me rendre à un vernissage à l’Institut Universitaire des Maîtres à Mont-Saint-Aignan. Cela m’oblige à répondre à ce genre de question, posée par qui m’a connu avant :

                -Tu arrives à t’occuper maintenant que tu ne travailles plus ?

                Je ne suis pourtant pas là pour répondre aux banalités d’usage. J’envoie balader la questionneuse :

                -Je ne m’occupe pas. Je vis.

                Vivre, un certain nombre d’enseignant(e)s ignore ce que cela signifie. Celle-ci reste coite et me laisse tranquille. Je peux faire le tour, ce jeudi soir, de l’exposition consacrée à Bernard Clarisse, formateur (comme on dit maintenant) dans cet Institut, et surtout artiste.

                Cette exposition a pour titre Les Médecins de la terre, elle prend place dans le cycle Relectures, pastiches, citations. Qu’elle se tienne au lieu-dit le Mont aux Malades est un hasard bienvenu. Bernard Clarisse, comme il le dit lui-même en expliquant un peu sa démarche au public local, se penche principalement sur la peinture malade et sur la peinture soignée.

                Un néon accueille le visiteur à l’entrée de la galerie La Passerelle (au premier étage de l’Institut). C’est la Vérotière mise à nu, offerte en avant-première d’une future exposition à Berck et clin d’œil à Marcel Duchamp. Elle conduit vers des glaneuses montrant leur culte dans les campagnes revisitées de Millet et Van Gogh.

                Plaies, scarifications, balafres, fractures, purulences et cicatrices, la peinture est bien malade et Bernard Clarisse est son médecin.

                En la soignant, il la soigne de belle manière. Lutte contre les taupes collectives, plusieurs Georges et Georgette numéroté(e)s (en référence aux Géorgiques), Les glaneuses d’Epidaure, Epis d’or (de Millet), Georges et les sept mains, Fiançailles esculapiennes, tels sont les titres de quelques-unes des œuvres soignées et malades, malades et soignées.

                Figurent également dans cette exposition, Galerie La Passerelle, et montrant d’autres aspects du travail de Bernard Clarisse, des vanités dont l’une enceinte, une installation en l’honneur de Van Gogh Console suspendue à cent soixante-dix centimètres du sol (À ta santé Vincent) et un portrait d’admiration représentant Roman Opalka À Roman, mégalo, hommage d’un obsessionnel à un autre obsessionnel.

                Un verre de champagne à la main, Bernard Clarisse m’invite au vernissage de son exposition berckoise (il y présentera ses incurables) le trois mai deux mille huit, puis je l’écoute dénigrer tel ou tel, artiste alcoolique ou galeriste pétrodollarié. Dire du mal de son semblable est un autre de ses talents, que j’apprécie beaucoup.

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