• Ciné-concert Metropolis avec l’Ensemble intercontemporain à l’Opéra de Rouen

    Une place en or dans la corbeille pour un ciné-concert qui demande du recul, c’est à quoi j’ai droit ce jeudi soir à l’Opéra de Rouen, une aimable guichetière s’étant penché sur mon cas. Au programme : Metropolis de Fritz Lang dont je ne connais que des extraits. Pour meubler le silence, si je puis dire, Martin Montalon a travaillé pendant des années à une composition « pour seize instrumentistes et dispositif électronique » qu’il propose ici dans sa version révisée de deux mille onze suite à la découverte en deux mille huit à Buenos Aires d’une copie du film avec des passages inédits ; sous sa baguette, l’Ensemble intercontemporain créé par Boulez en soixante-seize.

    Deux heures trente sans entracte est-il écrit sur le livret programme et répète chacun autour de moi jusqu’à ce qu’un soupir de soulagement général suive l’annonce au micro de la promesse d’une pause de vingt minutes au bout d’une heure. J’ai près de moi l’un des médecins du public. Il souffre d’une sorte de tic respiratoire particulièrement gênant pour son entourage.

    Metropolis nous raconte la vie des ouvriers de la ville basse et des possédants de la ville haute. La musique amplifiée et transformée par la technique moderne provient d’un peu partout dans la salle. Le chuintement de mon voisin se mêle à celui des jets de vapeur interprétés sur scène. La critique sociale et l’ode à l’architecture américaine cèdent vite le pas au fantastique, ce que je regrette car c’est un genre auquel je suis désormais étranger. Je suis en revanche conquis par la musique de Martin Montalon.

    Quelques-un(e)s filent à l’entracte, d’autres commentent le découpage et la beauté graphique de ce film qu’on ne qualifiait pas alors d’Art et d’Essai et nous revoilà assis dans le noir pour la deuxième partie qui commence par un intermède et se poursuit avec un remake de Jeanne d’Arc au bûcher et beaucoup de galopades dans des escaliers.

    Tout se termine bien. Le patron et le chef des ouvriers rebelles se serrent la main. On sait qu’ils ont eu depuis de nombreux enfants.

    L’écran relevé, Martin Montalon et les musiciens sortent de la pénombre et saluent sous de chauds applaudissements. Très masculin l’Ensemble intercontemporain, n’y figurent que deux femmes, l’une à la flûte, l’autre à la harpe.

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    Un homme à la harpe, je ne sais pas si ça existe (je ne parle pas de la celtique).

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