• Cinéma, encore trois fois

                Profité des places à trois euros du conseil général pour aller trois fois au cinéma en moins d’une semaine. Deux Melville et un Ugécé.

                Troisième film hier soir au Melville, une petite salle, entièrement emplie de spectateurs, d’autres ont été invités à rentrer chez eux ou à voir autre chose que Lady Chatterley, film de Pascale Ferran ayant reçu le prix Louis-Delluc (meilleur film français deux mille six). Eh bien, il faut croire que l’année deux mille six a été une bien mauvaise année cinématographique en France pour qu’un tel film, longuet, sans imagination, tout à fait un film de télévision, obtienne ce prix qui, dans le passé, a été donné à des films autrement inventifs et intéressants. Reste évidemment l’histoire de David Herbert Lawrence, ici dans la version Lady Chatterley et l’homme des bois.

                Deuxième film, dimanche dernier, le matin, à l’Ugécé, un cinéma que j’aime bien (les lieux) où hélas la programmation ne me conduit pas souvent. Cette fois, envie de m’y risquer pour Little Children de Todd Field.

                La caissière, me donnant le ticket :

                -Vous avez bien vu que c’est en vého ?

                -Heureusement, je ne serais pas là sinon.

                Nous sommes rive gauche, chez les pauvres, qui forcément ne savent pas parler anglais, ni même lire les sous-titres. Spectateurs disséminés dans une grande salle avec un grand écran. Devant moi, viennent s’asseoir deux petites jeunes filles. L’une rousse teinte et bouclée, petites lunettes rectangulaires, l’autre brune, cheveux lisses, au visage fin.

                Dans le film, il est question d’adultère dans une banlieue résidentielle typiquement américaine, avec climat rendu pesant par le retour dans le quartier d’un exhibitionniste juste sorti de prison et dénoncé par ses voisins comme possible et même probable pédophile. Omniprésence dans la première partie de ce film d’une voix off qui explique au crétin de spectateur ce qui se passe dans la tête des protagonistes, gavant. De temps en temps, les deux petites jeunes filles de la rangée précédente s’embrassent, ce qui ne manque pas de me distraire.

                La voix off se fait moins sentir dans la deuxième moitié du film, ouf. Bien sûr, une séquence foute-baule américain. Les deux filles en profitent carrément. C’est toujours la rousse qui enclenche le bouche à bouche.

                Bon, je ne  raconte pas tout. Conclusion de la voix off et du film : « On ne peut pas changer le passé. L’avenir c’est autre chose. » Venir au cinéma pour entendre cela ?

                Premier film, et combien meilleur que les deux autres, Les climats de Nuri Bilge Celan. Dommage que ce soit au Melville dans une petite salle avec un écran ridicule. Il faudrait de plus un appareil de projection numérique pour donner toute sa beauté à ce film tourné en numérique. C’est le réalisateur et sa femme Ebru Ceylan qui jouent l’homme et la femme du film. L’homme et la femme vont se quitter, ils le savent et en sont aussi malheureux l’un que l’autre. Première scène dans les ruines surchauffées d’Antiphellos à Kas. Dernière scène dans la neige glaciale près du mont Ararat. Des enchaînements de séquences subtils, Des cadrages inattendus. Une vraie écriture cinématographique. Et l’infinie tristesse des histoires d’amour qui s’achèvent, quand celui et celle qui se quittent se demandent comment ils en ont arrivés là, pourquoi ce n’est plus le temps où tout allait si bien.

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