• Claude Lévêque à la galerie Kamel Mennour

                Welcome to suicide park, telle est l’invitation de Claude Lévêque pour son exposition personnelle dans la capitale, rue Saint André des Arts, chez Kamel Mennour. La porte est obscurcie et je demande à celle qui me tient la main, traversant la cour intérieure, si ce ne serait pas fermé mais non, elle s’ouvre cette porte. Une lumière vive et une musique bruyante nous accueillent. Nous entrons, mercredi soir, dans la « nappe de fiction », dans le « paysage d’évènements », comme l’écrit Thimotée Chaillou dans le communiqué de presse.

                Dans la première salle sont accrochées au plafond deux trottinettes soudées entre elle, un garde-manger contenant un diadème et deux déambulateurs également soudés entre eux, chaque pièce est animée d’un mouvement rotatif et éclairée par de puissants projecteurs, leurs ombres sont projetées sur des voilages blancs légèrement agités par des ventilateurs posés au sol, tout cela est complété par un système son (ampli et haut parleur) délivrant une musique en boucle à fort volume.

                Les murs de la deuxième salle présentent une série de feuilles de plomb où figurent les empreintes de violents coups de poing, cela incite à frapper à son tour mais je m’en garde bien.

                Une structure parallélépipédique formée de capots de voiture usagés occupe la troisième salle, des ouvertures en forme de porte permettent d’y pénétrer et de découvrir, accroché au plafond de cette cabane de tôles, un magnifique lustre à pampilles de vingt-quatre ampoules brillant de tous ses feux. Sur l’un des murs de cette salle, un néon blanc nous invite à « être plus fou que celui d’en face ».

                Nous nous sentons bien dans ce parc à suicide. Elle s’assoit sur le sol pour dessiner l’installation de la première salle et je m’assois pas loin d’elle sur un rebord de fenêtre aveugle d’où j’ai vue sur les trois œuvres. La jeune fille de l’accueil bricole sur son ordinateur et répond au téléphone dans le tintamarre de la sono posée au sol sous son bureau, ta ta ta clac ta ta ta clac et onde sinueuse par derrière, ad libitum. Je demande à cette demoiselle comment elle fait pour supporter cela toute la journée. Elle me répond que c’est difficile.

                Celle qui m’accompagne a terminé son dessin. Nous quittons la galerie Kamel Mennour. Nous reviendrons quand l’exposition de Claude Lévêque aura atteint son point de perfection, c'est-à-dire quand la jeune fille de l’accueil rendue folle par la bande sonore s’y sera suicidée.

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