• Comment Wang-Fô fut sauvé au Théâtre de la Foudre (Automne en Normandie)

                Dans la froide station Palais de Justice, j’attends que « Mesdames et messieurs, la prochaine rame de métro se dirige vers Georges Braque, commune de Grand-Quevilly » et à François Truffaut, Petit-Quevilly, je descends, salement en avance comme souvent, mais on me laisse entrer au Théâtre de la Foudre où trois équipes se coordonnent avec le sourire un peu tendu des gens qui doivent travailler ensemble sans l’avoir vraiment choisi.

                Il y a ici les équipes de la Foudre (accueil), de l’Opéra de Rouen (organisateur), d’Automne en Normandie (superviseur) et deux livrets programmes pour le même spectacle Comment Wang-Fô fut sauvé.

                Sur celui d’Automne, le nom mis en avant est celui de Marguerite Yourcenar, sur celui de l’Opéra (où l’on n’entend que la musique), celui d’Alain Berlaud. Comment Wang-Fô fut sauvé est un conte écrit par Marguerite Yourcenar publié par Gallimard en mil neuf cent trente-neuf. La musique composée par Alain Berlaud est tout à fait récente.

                Le rideau est ouvert sur un décor composé de cubes et de plans inclinés colorés. Les multiples placeuses aident chacun(e) à trouver un siège. Finies les vacances de Toussaint, devant moi s’ébrouent des lycéennes qui se livrent à leurs deux compulsions favorites : papotage et pianotage. Le noir se faisant, elles rangent leurs langues et leurs téléphones.

                Les saxophonistes du Quatuor Habanera prennent place sur l’un des cubes supérieurs. Le comédien Benjamin Lazar entre côté cour. Il narre sans effets inutiles l’histoire du vieil artiste échappant à la vindicte des gouvernants. Deux égoïsmes cruels se font face dans ce conte dont est vainqueur celui de l’artiste, c’est du moins ainsi que j’entends ce texte sobrement dit. J’entends aussi la musique, sobre également et déchirée. La mise en scène, due à Benjamin Lazar et à Louise Moaty, est économe et efficace.

                Il y a peu de temps j’écrivais que je ne suis pas attiré par les contes. Celui-ci me plaît beaucoup, parce que très bien écrit, et très bien dit ce jeudi soir. Je ne suis pas le seul à l’apprécier, semble-t-il. Quelque part à ma gauche, des ronflements se font entendre et un conte, cela sert aussi à ça.

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