• Concert Brigitte Fontaine au Théâtre Charles-Dullin (pour le Trianon Transatlantique)

    Parfois, le Trianon Transatlantique de Sotteville-lès-Rouen fait le coucou au Théâtre Charles-Dullin du Grand-Quevilly. C’est le cas mardi soir. Son nid est trop petit pour accueillir Brigitte Fontaine. Je ne suis pas le premier de la file mais pas loin quand même. Aussi, quand s’ouvrent les portes de la salle, je me retrouve en bonne place. Le concert est à vingt heures, c’est que Brigitte n’est plus toute jeune, soixante-dix ans cette année.

    La salle s’emplit régulièrement, pas mal de quinquagénaires et pas mal de plus jeunes. Je vois là des têtes connues, notamment féminines excentriques. Avant que ça commence, le guitariste fait quelques réglages, en qui je reconnais Yan Péchin. J’aime son jeu, pour l’avoir vu avec Bashung ou Miossec ou Higelin ou Thiéfaine (on peut remplacer le ou par un et).

    Brigitte Fontaine entre en scène, vêtue de noir, sur la tête un tricorne, au poignet gauche une paire de menottes : « Bonjour à tous les Rouennais, bonjour à toutes les Rouennaises, bonjour à tous les Rois nègres… » et attaque Dura Lex le poing levé, une chanson en forme d’état des lieux Interdit d'entrer/ Parler ou fumer/ Être sans papiers/ Même s'allumer avec en incidente un Apostrophes d’antan Monsieur Nabokov/ Pour notre télé/ Buvait sa Smirnov/ Déguisée en thé. Elle est particulièrement remontée contre le correctement politique et la moraline ambiante et le chante à nouveau un peu plus tard sous le titre Prohibition Je suis vieille et je vous encule/ Avec mon louque de libellule.

    C’est vrai qu’elle ressemble à une libellule dans sa façon de danser de côté et de saluer bien bas.

    Bon, bien sûr, il faut supporter l’entracte Areski et son gros tambour avec une chanson érotique rongée par les métaphores. On l’applaudit quand même, mais pas assez à son goût. Les bras levés, il en demande plus.

    Brigitte revient, sur la tête une casquette d’aviateur, au poignet ses menottes recouvertes de moumoute rose. Elle interprète essentiellement les chansons de son dernier opus parsemées d’anciennes bien revisitées pour la scène avec l’apport de Yan Péchin et des autres musiciens plus discrets (même Areski) Ah que la vie est belle Conne Comme à la radio. Cette dernière (première version mil neuf cent soixante-neuf, deuxième version mil neuf cent quatre-vingt-quinze) est actualisée, un homme s’immole par le feu en résonance avec l’actualité tunisienne et d’ailleurs Ça commence à se savoir. Et il y a des incendies qui s'allument dans certains endroits, parce qu'il fait trop froid.

    Au fil du concert, Brigitte Fontaine s’allège. Plus de casquette, plus de lunettes, plus de menottes et vient le terme. Il faut la rappeler longtemps pour qu’elle se repointe et chante Soufi.

    Salam, salam, salam

    *

    Rouen, deux femmes derrière moi à l’Echiquier. Je les écoute sans savoir à quoi elles ressemblent.

    L’une : « Et ça va te gâcher encore quinze ans de ta vie ? »

    L’autre : « Non, quinze jours. »

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    Nouvelle formule assez illisible pour Rouen Magazine, l’organe officiel de la Mairie de Rouen Le quotidien régional indique que l’équipe comporte cinq journalistes. Des journalistes, n’exagérons rien, disons des rédacteurs.

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