• Concert De Falla, Pécou, Marais à l'Opéra de Rouen

                Maigre public jeudi soir à l’Opéra de Rouen où Thierry Pécou présente deux de ses compositions, complémentées d’œuvres de Manuel De Falla et de Marin Marais. Le second balcon n’est pas ouvert, le premier où je suis n’est pas moitié occupé et en orchestre il reste des places. Soit les retraité(e)s qui composent la grosse majorité du public habituel sont en voyage organisé, soit ils et elles manifestent contre la musique contemporaine.

                Je quitte ma place sur le côté pour une centrée et l’ensemble Zellig, complété de Céline Frisch au clavecin, interprète le Concerto pour clavecin, flûte, hautbois, clarinette, violon et violoncelle de Manuel De Falla, ce dont je me réjouis, les compositeurs espagnols étant très peu souvent au programme de la maison.

                Thierry Pécou vient dire quelques mots. Il explique qu’il a composé Poème du temps et de l’éther pour violoncelle et piano (flûte et clarinette au lointain) après avoir, en Russie, entendu plusieurs cérémonies chantées en même temps dans les différents recoins d’une église orthodoxe. Il ajoute qu’avant Marin Marais, il jouera une sarabande de lui-même.

                Pour le Poème, il est au piano et Silvia Enzi au violoncelle. La flûte et la clarinette au lointain sont en hauteur, au niveau du premier balcon. D’où je suis, on les entend aussi bien que les deux instruments sur scène, aucun effet de lointain, mais l’ensemble s’écoute bien.

                Après la sérénade, Céline Frisch se met au clavecin et Silvia Lenzi s’installe avec sa viole de gambe pour Les Folies d’Espagne pour basse de viole et clavecin de Marais, un vrai plaisir pour celles et ceux qui aiment la musque baroque, d’ailleurs certain(e)s (la plupart à cheveux blancs) s’en vont dès l’œuvre jouée, se dispensant de l’autre composition de Thierry Pécou Les machines désirantes pour piano, flûte, clarinette, saxophone, violon et violoncelle, laquelle il met sous le parrainage de L’Anti-Oedipe de Deleuze et Guattari : D’une certaine manière, il vaudrait mieux que rien ne marche, rien ne fonctionne. Ne pas être né, sortir de la roue des naissances, pas de bouche pour téter, pas d’anus pour chier. Les machines seront-elles assez détraquées, leurs pièces assez détachées pour se rendre et nous rendre au rien ?

                C’est un concert étrange, pas assez de spectateurs et de spectatrices, de trop longs et approximatifs préparatifs sur scène avant chaque morceau, ce qui ne m’empêche pas d’apprécier la musique de Pécou. D’autres semblent moins emballé(e)s. Derrière moi, à l’issue, l’un dit à l’autre :

                -Il faut pas qu’on applaudisse trop fort, sinon il va nous proposer autre chose.

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