• Concert Haendel (Café Zimmermann et Roberta Invernizzi) à l'Opéra de Rouen

    Mardi soir, j’arrive à l’Opéra de Rouen pour le concert annuel de l’orchestre Café Zimmermann. Au guichet Entrée Plus, je trouve une placeuse promue distributrice de billets. Avant même que je lui dise mon nom, elle en frappe les premières lettres sur le clavier et l’imprimante crache mon ticket.

    Si cette jeune personne me connaît, me dis-je, c’est qu’elle a lu au moins l’une des deux méchancetés que j’ai écrites sur elle. J’imagine qu’elle me déteste. C’est une bonne chose pour elle : cela aide à vivre que de détester quelqu’un. Je la remercie quand elle me tend mon billet.

    J’ai une bonne place en corbeille, d’où je considère Eduardo Eguez, seul sur scène, accordant son théorbe. Derrière moi s’installent deux couples qui font le point sur les spectacles à venir. Le concert à l’église Saint-Vivien les inquiète, il y fait froid, on y est mal assis.

    -Moi, sur mon agenda, j’ai écrit : Que s’il fait chaud, dit l’une.

    -On ne peut même pas venir avec un coussin comme à Roland-Garros, regrette un autre.

    « Café Zimmermann est nominé aux Victoires de la Musique deux mille dix » annonce fièrement le livret programme. L’orchestre est en formation large de quatorze musicien(ne)s dont les deux fondateurs : Pablo Valetti au violon (qui dirige) et Céline Frisch au clavecin. Un seul compositeur est au programme : Georg Friedrich Haendel.

    Le concert débute par l’ouverture d’Ottone, Re di Germania sur laquelle j’arrive à mentalement chantonner «  C’est Gugusse avec son violon qui fait danser les filles, qui fait danser les filles. C’est Gugusse avec son violon qui fait danser les filles et les garçons. », un vrai crime de lèse-Haendel. J’ai pour excuse que cette musique m’ennuie. On pourrait croire qu’elle ennuie aussi ceux qui la jouent tant ils ont l’air constipé.

    Heureusement arrive la soprane Roberta Invernizzi qui a enregistré plus de soixante disques pour Sony et tout change.

    Elle interprète les arias de Cleopatra (Giulio Cesare), de Teofane (Ottone, Re di Germania), de Rodelinda (Rodelinda), de la Bellezza (Il Trionfo del Tempo e del Disinganno), de Berenice (Scipione) et de Adelaide (Lotario), quelle merveille. Le contraste est flagrant entre son chant expressif et le visage fermé de son voisin le joueur de théorbe. A l’issue, elle déchaîne les applaudissements et revient pour deux ou trois rappels (je ne me souviens plus). Grâce à elle, j’ai passé une très bonne soirée.

    *

    L’homme qui marche de Giacometti vendu une somme astronomique, ce n’est pas ce chiffre que je retiens. C’est la taille de cette statue : un mètre quatre-vingt-trois car c’est aussi la mienne. Cela fait six pieds pour les Anglais. Et les pieds ça me connaît, je suis un homme qui marche.

    Partager via Gmail Yahoo!