• Concert Mozart, Krommer, Janacek, Gounod à l'Opéra de Rouen

    Musique de chambre lundi soir, ce devait être à la Halle aux Toiles, salle mal foutue mais adaptée à un petit effectif de musicien(ne)s. Pour une raison inconnue, c’est à l’Opéra où j’hérite d’une très mauvaise place à l’orchestre : Hemme Quarante-Cinq.

                Je demande à la placeuse si c’est complet.

                -Pas du tout, me répond-elle d’un air pincé.

                -Alors pourquoi donc suis-je à une place aussi déplaisante ?

                -J’en sais rien, je fais pas partie de la billetterie, moua, m’envoie paître cette mijaurée.

                Je me souviens de l’époque pas si lointaine où les placeuses de l’Opéra de Rouen étaient sympathiques. Depuis quelque temps, on y trouve surtout des petites bourges prétentieuses, aimables avec le client bien mis, méprisantes avec les autres. Les garçons placeurs ne sont pas de ce genre, quelques filles travaillant dans les étages non plus, mais ce soir cela se passe en bas où s’épanouissent les pimbêches, dont le sujet favori de conversation est la fripe : Ouah, elle est trop bien ta robe, tu l’as eue où ?

                De ma très mauvaise place, au bout du jardin, j’ai une vue imprenable sur la salle où de nombreux sièges restent inoccupés. En revanche, pour voir la scène, c’est tête à gauche toute, avec risque de torticolis. Quand les portes se ferment, je renonce à me déplacer.

    Ce soir, c’est musique pour instruments à vent avec en ouverture celle de La Flûte enchantée arrangée pour octuor à vent par Joseph Heidenreich. Arrangée est le mot, c’est un moment un peu pénible.

    La suite est due à Franz Krommer, musicien fort connu de son vivant, ignoré ensuite. Sa Partita pour octuor à vent en fa majeur est un bon exemple d’art pompier qu’il n’était peut-être pas nécessaire de sortir des oubliettes.

    Cela s’arrange un peu avec Miladi (Jeunesse) pour sextuor à vent de Leos Janacek et tout à fait avec la Petite symphonie pour flûte, deux hautbois, deux clarinettes, deux cors et deux bassons de Charles Gounod, dont un mouvement est repris en rappel après les applaudissements.

    -Heureusement qu’il y avait Gounod, dit une dame en sortant, ce qui est tout à fait mon avis.

    Une bonne averse est tombée pendant le concert. Rouen a les pavés tout mouillés. Je rentre rapidement pour éviter de me faire tremper par la suivante. Derrière la Cathédrale, un arc-en-ciel disparaît lentement.

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