• Concert Pärt Vierne Poulenc Beethoven à l’abbatiale Saint-Ouen (pour l’Opéra de Rouen)

    De l’orgue au programme du dernier concert d’avant vacances de l’Opéra de Rouen qui se donne donc à l’abbatiale Saint-Ouen où Cavaillé-Coll a œuvré. L’espace du public est divisé en deux : devant, de nombreuses rangées de chaises rouges, derrière, des gradins à coussins rouges. Je choisis de poser mes fesses sur ces derniers. C’est parfait pour la vue globale mais sans doute un peu loin pour bien ouïr l’Orchestre.

    Chaque entrant(e) a la même hésitation. Les gradins se remplissent vite. A ma droite s’installe une sorte de Théodore Monod en chorte. Derrière, un couple de quinquagénaires (dont lui appelé Minou par elle) commente les arrivées :

    -T’as vu, y a Claude de la Randonnée.

    (Un nobliau sans doute)

    -Ah mais il est tout seul, y a pas sa femme.

    (Elle a dû rester à la maison pour regarder le foute)

    D’aucuns n’hésitent pas à venir ici avec à la main le sac jaune des Soldes Suprêmes du Printemps. Minou, qui a de longues jambes met son pied sur mon coussin. Je lui demande de mieux se tenir. Arrivent alors quelques intermittents du spectacle. Ils distribuent des autocollants de soutien à leur lutte (comme on dit). Je prends le jaune à jeu de maux « Sauvons l’art est public ». Minou refuse d’en prendre un, il n’est pas assez informé.

    -On va vous informer, lui répond l’intermittent.

    Effectivement, l’un d’eux prend le micro après que les musicien(ne)s sont installé(e)s et explique le problème. Le son réverbérant oblige à tendre l’oreille. Une partie de l’auditoire applaudit, dont le faux Théodore, mais Minou non.

    Oswald Sallaberger est à la baguette pour le très beau Cantus in memory of Benjamin Britten d’Arvo Pärt puis Michael Schöch, né en quatre-vingt-quinze à Innsbruck, montre ce qu’il sait faire avec un orgue en jouant le premier mouvement de la Symphonie pour orgue numéro six en si mineur de Louis Vierne. L’union se fait grâce au Concerto pour orgue et orchestre de Francis Poulenc. L’orgue dépote. Notre timbalier trouve enfin à qui parler.

    Je fais quelques pas dans l’abbatiale à l’entracte. Le docteur du Hennepéha est fier d’arborer sur sa veste l’autocollant jaune. Je ne sais pas ce que je ferai du mien.

    A la reprise, c’est la Symphonie numéro trois en mi bémol majeur « Héroïque » de Ludwig van Beethoven, pour laquelle je suis peut-être un peu loin et énervé par le bruit d’un soulier de premier rang de gradins raclant sur la pierre. Cette œuvre monumentale suscite beaucoup d’applaudissements qui font revenir le Maestro pour de nouveaux saluts cependant que certains pressés filent par les côtés profitant de la pénombre et se croyant invisibles. Ils se font qualifier par d’autres de personnes sans éducation.

    *

    Le matin même, les intermittents du spectacle s’émouvaient de l’interdiction faite à eux par Nicolas Mayer-Rossignol, le Socialiste Président de l’Opéra de Rouen, d’accrocher une banderole au fronton du bâtiment, ce pour quoi Frédéric Roels, Directeur, avait donné son accord. Que ce bébé Fabius interdise ne m’étonne pas, ce qui me sidère c’est que ces intermittents en pétard aient demandé l’autorisation.

    *

    Nicolas Rouly, autre bébé Fabius, le Socialiste Président du Conseil Général de Seine-Maritime, annonce la fin du festival Automne en Normandie, une suppression qui suit celles, pour des raisons diverses mais toujours de gauche, des Transeuropéennes, du Festival Ramdam, du Festival du Cinéma Nordique.

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