• Concert Poulenc Pécou avec Alexandre Tharaud et les éléments à l’Opéra de Rouen

    Une pancarte près de l’entrée des artistes attire mon attention lorsque j’arrive ce dimanche après-midi à l’Opéra de Rouen. Placée là sous le contrôle d’un huissier, elle indique qu’une antenne relais doit être installée dans ce bâtiment par la maison Free et que les mécontents ont deux mois pour se manifester, après ce sera trop tard. Je suppose que l’Opéra touche de l’argent pour ça.

    Alexandre Tharaud est à l’affiche et la salle est à moitié vide. Comment est-ce possible ? L’une des deux spectatrices assises derrière moi donne la réponse quand elle consulte le livret programme :

    -C’est bien ça, c’est bien Pécou, ah bah une fois de temps en temps.

    Avant Pécou et Tharaud, c’est Poulenc et le Chœur de Chambre les éléments (qui comme accentus tient à sa minuscule) conduit par Joël Suhubiette avec la Messe en sol majeur pour chœur mixte a capella puis des chansons sur des poèmes de Paul Eluard et Guillaume Apollinaire, tout cela un peu soporifique, j’aurais dû boire davantage de café. L’une des femmes assises derrière tousse de temps à autre pour maintenir ma vigilance.

    -Ce doit être ces fichus fauteuils en velours, se justifie-t-elle à l’issue. Je dois être allergique.

    Je doute qu’il s’agisse de velours et suis certain qu’avant la réfection ça toussait autant. Après l’entracte, j’apprends que la tousseuse est professeure d’anglais en lycée, S’étonnant du faible niveau de ses élèves, elle est allée voir la professeure de français, une certifiée comme elle, pour avoir son avis. Celle-ci lui a répondu :

    -Je leur ai dit qu’il fallait qu’ils acquérissent des méthodes de travail.

    -Les élèves sont nuls, les profs sont nuls, commente l’autre. Pas étonnant, cette année, au Capes, on a recruté avec quatre sur vingt de moyenne.

    « Alexandre Tharaud vous souvenez-vous de lui ? Il était à l’Opéra de Rouen Haute-Normandie » est-il écrit sur le livret programme en ouverture d’une interviou de lui dans laquelle il évoque son amitié avec Thierry Pécou qui « est l’inverse d’un compositeur tortionnaire comme j’ai pu en rencontrer dans ma carrière ». Comment pourrait-on oublier Alexandre. Il arrive d’un pas tranquille avec des chaussures vernies. Le Chœur les éléments et son chef sont déjà en place. Va pour Le Visage – Le Cœur, concerto pour piano et chœur créé en juillet dernier au Festival de La Roque-d’Anthéron (commande d’Etat), inspiré des chants nahuatl de l’Ancien Mexique. Cela me tient bien éveillé.

    Les applaudissements sont nourris. Derrière moi, on trouve ça « finalement pas si révolutionnaire que ça ». A l’invitation d’Alex, Thierry Pécou saute sur le plateau, porteur d’une chemise à rayures automnale. Après de nouveaux applaudissements, c’est le bonus.

    Alexandre Tharaud annonce qu’il s’agit d’un morceau de Bach, le compositeur préféré de Thierry Pécou, un extrait de son Concerto d’après Marcello. C’est magnifique.

    *

    Rouen, rue de la Jeanne, tous les matins avant dix heures, une longue file d’hommes et de femmes visiblement venus des quartiers périphériques attendent l’ouverture de la boutique Free. A aucun moment de la journée cette boutique ne désemplit.

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