• Concert Tabachnik Korngold Mahler à l’Opéra de Rouen

    Quatre semaines que je n’ai pas mis l’oreille et l’œil à l’Opéra de Rouen, ayant laissé passer Le Vaisseau fantôme dans sa version modèle réduit, une miniature participative que d’aucuns y étant embarqués ont rebaptisé Le Canoë fantôme. J’y retourne donc avec plaisir ce samedi soir et, m’installant sur une chaise au premier rang, constate au nombre de pupitres et d’instruments présents sur le plateau que le concert sera grand format.

    Derrière moi, on se donne les dernières nouvelles du village :

    -Au Crédit Mutuel, on a perdu notre Directeur. A deux ans de la retraite, on l’a envoyé à Evreux. Je pense que c’est une punition.

    Les musicien(ne)s entrent, les habituel(le)s et des renforts, dont Ayako Tanaka dans le rôle de cheffe d’attaque des premiers violons en remplacement de Jane Peters occupée ailleurs, un emploi que tenait autrefois Bertrand Mahieu mais il a disparu depuis le début de la saison, je ne sais pas si c’est une punition. Le chef est encore Luciano Accocella. Une petite caméra est installée face à lui afin de faire de sa performance un film souvenir.

    Tout ce beau monde attaque le Prélude à la légende de Michel Tabachnik, chef d’orchestre et compositeur suisse dont il fut question dans un tragique fait divers, courte œuvre envoûtante datant de mil neuf cent quatre-vingt-neuf, puis Jane Peters fait son entrée. « Bon choix de robe », me dis-je.

    C’est le jour de son examen annuel. Elle joue cette fois le Concerto pour violon en ré majeur de Erich Wolfgang Korngold, qui fut petit prodige viennois puis contraint à l’exil par le nazisme et aspiré par la musique hollywoodienne. Son concerto tient de ces deux univers, nostalgie viennoise et galopade dans la pampa. Une fois encore, Jane Peters obtient une mention très bien avec les félicitations du public.

    Après l’entracte, c’est la Symphonie numéro Un, dite Titan de Gustav Mahler, bien connue pour sa citation de Frère Jacques au troisième mouvement, ritournelle enfantine initiée à la contrebasse par Gwendal Etrillard qui ne peut que me serrer le cœur (comme on dit). Le dernier mouvement en est monumental, claquant à coups de cuivres, de percussions et de timbales. L’une des cloisons des bords de scène se fissurerait que je n’en serais pas étonné.

    C’est un triomphe pour l’Orchestre et son chef qui, lorsqu’il quittera Rouen, saura que ce n’est pas poussé dehors par le public.

    *

    Le départ prochain du directeur musical, le Maestro Luciano Acocella, est désormais officiel. Une association de spectateurs s’est créée pour s’en offusquer. Il y aurait eu bisbille avec Frédéric Roels, directeur artistique et général, lequel promet merveille du successeur, l’Anglais Leo Hussain qui désormais n’aura que le titre de chef principal (autrement dit : « Occupe-toi de ta baguette. »).

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