• Condat, Champs-sur-Tarentaine, Bort-les-Orgues, Riom-ès-Montagnes, Antignac, Marchal

    Le petit-déjeuner à Condat est comme je l’imaginais, du pain, du beurre et de la confiture de la maison, avec suffisamment de café mais léger et encore j’ai échappé à la chicorée. La dame active me tient compagnie de ses bavardages que j’écoute d’une oreille. Ce soir dans ma chambre seront des Rouennais, lui avocat, dont elle me donne le nom, qui ne me dit rien. Comme je suis inquiet sur ma possibilité de trouver un hébergement ce ouiquennede, qui est celui de l’arrivée des aoûtiens (comme on disait autrefois) et des orages (encore une fois), je lui demande si elle n’aurait pas le guide des chambres d’hôtes d’Auvergne. Elle fouille dans tous ses tiroirs, ne le trouve pas mais déniche celui de toutes les chambres de France, un pavé de près de neuf mille cinq cents adresses (édition deux mille quatorze) dont elle tient à me faire cadeau.

    Sous le soleil matinal, je prends la route qui va à Champs-sur-Tarentaine, près de Bort-les-Orgues, par les gorges de la Rhue, et monte vers Marchal où se tient L’Auberge de l’Eau Verte qui a chambres à bas prix mais toutes prises, me dit le jeune homme au bar. Je fais demi-tour ayant vu en chemin une pancarte prometteuse qui me mène à une ferme, lieu-dit Mérigot, et là c’est bon je suis à l’abri jusqu’à lundi matin pour quarante euros la nuit, ouifi et petit-déjeuner compris.

    Je reprends la voiture, franchis la frontière Cantal Corrèze et découvre Bort-les-Orgues, bourgade en forme de longue rue parallèle à la Dordogne qui coule fort. Elle doit son nom aux falaises de lave qui la surplombent et a connu la prospérité elle aussi, avant la déchéance actuelle ; boutiques, entreprises et maisons fermées s’y succèdent lui donnant un charme certain.

    Je repasse dans le Cantal en montant à Riom-ès-Montagnes, autre bourgade, que je n’ai pas envie de visiter autrement qu’en voiture. Il est midi. Un demi-tour me mène à Antignac à l’Auberge de la Sumène tenue par un jeune couple. Le menu du jour affiche du sauté de veau, mais il n’y en aura pas pour tout le monde, dont moi. On me propose à la place du faux filet. Je refuse. De la saucisse. Eh bien oui. Je m’installe en terrasse à une table sale. On y pose, sans la nettoyer, un pichet d’eau sans verre et une corbeille de pain. Plus rien ne se passe jusqu’à ce que je traverse la rue, monte dans ma voiture et file.

    Me revoici à Champs-sur-Tarentaine où une autochtone m’indique, pour bon restaurant pas cher, Le Saint Rémi. Le plat du jour est un steak frites, comme à la cantine. C’est à Marchal que je déjeunerai à L’Auberge de l’Eau Verte qui propose aux touristes qui font sa clientèle, de « grandes assiettes ». J’opte pour tripoux truffade salade à treize euros et un quart de côtes-du-rhône à trois. Tout cela n’est guère authentique et le serveur trop souriant, mais il ne faut pas se plaindre, si ce n’est de mon voisinage : un faux Dominique A ayant eu deux enfants avec une fausse Carla B. Le pire est le garçon nommé Evane mais la fille qui se mord elle-même les doigts n’est pas mal non plus. Le père à la fin du repas :

    -On ne sort pas de table comme ça, on n’est pas à la maison.

    Trois secondes plus tard, frère et sœur galopent autour de l’église.

    *

    L’après-midi, je le passe où je nuite, à lire Jules Renard près de l’étang et à regarder s’installer les campeurs à la ferme qui me rappellent le temps où j’étais des leurs, seul ou en bonne compagnie. L’orage menace, je n’étais pas le dernier à en avoir peur quand je faisais campeur.

    *

    Il y a au Lioran, où l’on ne manque pas d’air, une maison d’hôtes nommée Les Ecrivains Voyageurs. Prix des chambres : de soixante-dix à cent quarante euros. Sans doute fréquentée par des pharmaciens ou des garagistes. « Sur réservation, massage du dos et réflexologie plantaire ».

    Partager via Gmail Yahoo!