• Des Alpes au Massif Central sans l’avoir voulu

    Dernier petit-déjeuner ce lundi matin en compagnie de l’aimable hôtesse de la Ferme de la Tour à Villard-Saint-Pancrace,  je lui règle son dû, cent huit euros pour trois nuits, c’est vraiment un bon prix. Ma voiture démarre comme si elle allait bien. Je prends la route qui mène à Grenoble. Pour ce faire, je grimpe le col du Lautaret, entouré de grandioses montagnes enneigées dont je fais quelques photos. La descente est assez flippante avec des tunnels étroits et sombres pas faits pour qui comme moi n’y voit pas bien la nuit. Heureusement, je n’y croise personne. Je suis désormais en Isère et l’arrivée sur Grenoble ne me plaît guère. Cet interminable couloir de montagnes sans neige m’oppresse. L’Isère, misère, me dis-je, estimant que le moment est peut-être venu de rentrer à Rouen, d’autant que quelques nuages sont apparus.

    Je passe Grenoble, cherche Vienne, m’égare, me retrouve sur la route d’Annonay, content d’être en Ardèche. Elle est toute sèche. A un rond-point, un restaurant affiche un « Changement de propriétaire » et un menu à treize euros, boisson et café compris. Je me gare sur son parquigne déjà bien occupé par des camions. A l’intérieur hormis les serveuses, c’est cent pour cent masculin, et chose rare sans télévision et sans radio. J’y mange bien : buffet d’entrées, saucisse accompagnée de choux et de lentilles, tiramisu, et en repars sans même savoir son nom.

    Je suis sur la route de Roanne. Il fait beau à nouveau mais la route est triste. Je vois le Massif Central au loin sur ma gauche. Arrivé à Feurs, je bifurque avec l'envie de continuer mes vacances.

    C’est ainsi que j’arrive dans un hameau de la Loire, pas loin du Puy de Dôme, ayant suivi une pancarte « Chambres d’hôtes ». Je ne sais pas comment s’appelle l’endroit où je vais passer la nuit. Il y a une faible ouifi mais dans le jardin entouré de murs de pierres, ça passe mieux. C’est ici que j’écris. Au-dessus de ma tête, j’aperçois une demi-lune sur fond bleu. Dans mes oreilles, j’ai des airs de musique échappés d’un accordéon dont joue l’hôte ou l’un de ses voisins : Bambino, La Bohème

    *

    Pour trouver cette chambre, je me suis fait aider par une jeune femme qui débroussaillait son jardin. « Ce sera à droite après le bidule vert » m’a-t-elle dit. Plus tard, je songe que c’était la première fois depuis longtemps que j’entendais prononcer ce mot : bidule, qui était il y a je ne sais combien d’années sur toutes les langues (comme on dit). Pourquoi a-t-il disparu ?

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