• Des idées comme s'il en pleuvait

                C’est un jeune homme plus ou moins barbu qui tient ses cheveux longs noués par un catogan. Il prend un café pas loin de moi et parle avec un ami à lui qui acquiesce vaguement à chacune de ses assertions :

                -L’idée, c’est de transformer cette maison prés de Veules-les-Roses pour y faire des chambres à louer.

                -L’idée, c’est de ne pas s’affilier au Gîtes de France parce que c’est chiant, ça t’oblige à faire des accès handicapés.

                -L’idée, c’est de s’entendre avec la voisine qui est dans le Guide du Routard pour qu’elle envoie des gens quand toutes ses chambres sont louées.

                -L’idée, c’est que nous on s’en garde un bout comme maison de campagne.

                -L’idée, c’est aussi de faire des travaux pour que ça ait de la gueule et que ça attire les Parisiens.

                -L’idée, c’est qu’y faut que les gens, ce soit pas comme chez eux.

                -Nous l’idée, c’est qu’on fait pas le ménage, il y aura une femme du village pour ça.

                -L’idée, c’est qu’il y aura un prix d’appel et puis des options.

                -L’idée, c’est de mettre des vélos à disposition mais de surtout pas les louer, si tu les loues et qu’ils ont un accident avec, c’est toi le responsable.

                -Il y aura une mezzanine mais l’idée, c’est que la mezzanine, c’est pas pour les enfants.

                Pas une de ses phrases sans que j’y entende « l’idée, c’est que », c’est qu’il en a des idées ce petit homme d’affaires, des idées pour gagner de l’argent bien sûr, pas des idées philosophiques, c’est un parfait petit sarkozien (de gauche peut-être), un adepte de Christine Lagarde, ministre de l’Economie et grande penseuse contemporaine, celle qui déclarait le dix juillet deux mille sept à l’Assemblée Nationale : « C’est une vieille habitude nationale : la France est un pays qui pense. Il n’y a guère une idéologie dont nous n’avons fait la théorie. Nous possédons dans nos bibliothèques de quoi discuter pour les siècles à venir. C’est pourquoi j’aimerais vous dire : assez pensé maintenant, retroussons nos manches. »

               Allez vas-y, mon petit gars, j’ai idée que tu vas réussir.

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