• Devant la Préfecture de Rouen, avec les mal logés du foyer Aftam du Grand-Quevilly

    Sorti des Docks Soixante-Seize, jeudi après-midi, je rejoins le centre de Rouen pour, à dix-sept heures, être de celles et ceux venus soutenir les résidents du foyer Aftam du Grand-Quevilly.

    Travailleurs immigrés logés dans des conditions indignes, hommes d’un certain âge ou d’un âge certain, la plupart originaires d’Afrique Noire, quelques-uns du Maghreb, ils sont là pour raconter comment ils vivent ou plutôt survivent à deux dans un espace réduit sans aération de huit à dix mètres carrés comprenant une plaque chauffante, les deux lits, un sanitaire et une douche. Ils se plaignent des loyers élevés (trois cent trente euros par mois par lit), des déménagements en catastrophe et sous la menace, des emménagements dans des chambres avant la fin des travaux, des humiliations de la part du gérant et d’une absence de dialogue et de concertation avec la direction. Deux d’entre eux portent une banderole « Nous demandons le respect de nos droits fondamentaux et de notre dignité ».

    Une voiture de police par le rassemblement alertée se gare à proximité. Les policiers n’en sortent que lorsque le journaliste de la télévision régionale commence à filmer. Ils vont le voir pour lui demander je ne sais quoi, puis retournent s’asseoir dans leur véhicule.

    Si j’ai bien compris, les salles collectives de ce foyer ont été supprimées pour construire de petites chambres individuelles supplémentaires à quatre cent quarante euros par mois, ce pourquoi les résidents demandent aussi que soient installés dans un bâtiment voisin un réfectoire, une cafétéria, une salle de télévision et une cuisine. Ils souhaitent aussi des espaces adaptés aux enfants et aux familles, des placards de rangement, un point phone pour recevoir des appels, des douches et des sanitaires collectifs.

    Quelqu’un à la préfecture doit recevoir une délégation, six résidents et six soutiens, mais au moment d’entrer il n’est plus question que de trois et trois d’où discussion avec la police. Une policière est de la partie et une nouvelle fois je constate qu’il y a vraiment de jolies filles chez les fliquettes, toujours des blondes bizarrement.

    Parmi les soutiens, il n’y a que des gens d’extrême gauche dont pas mal de Hennepéha avec des autocollants partout sur leurs vêtements. Des gauchistes que j’ai du mal à supporter bien longtemps. L’une est en train de dire du mal de Simone de Beauvoir, laquelle, tout en étant l’auteur du manifeste féministe Le deuxième sexe, écrivait aussi à son amant Nelson Algren des choses comme : je veux que tu sois mon mari, je veux être ta petite femme soumise. Elle trouve ça scandaleux. Ces gauchistes me fatiguent avec leurs idées simplistes. Je pars sans savoir combien seront reçus à la Préfecture et pour quel résultat.

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