• Dire que Julien Gracq est mort et que je n'ai lu aucun de ses livres

                Vive la mort qui amène celles et ceux dont quasiment personne ne se soucie en temps médiatique ordinaire sur le devant des écrans et en première page des journaux. Julien Gracq vient d’avoir son compte et chacun et chacune qui ne l’a jamais lu de l’encenser. En premier lieu le Tout Puissant de la République qui salue « un homme qui a cultivé au plus haut point les valeurs de la distinction et de la discrétion ». Il sait de quoi il parle, lui si distingué et si discret.

                Je n’ai jamais rien pu lire de Julien Gracq. J’ai dans ma bibliothèque deux de ses romans : Au Château d’Argol qui appartenait à mon frère mort et Le Rivage des Syrtes acheté récemment dans une vente de charité. L’un comme l’autre me tombent des mains. Comme me gavent les écrits de René Char, de Maurice Blanchot, de Michel Leiris et la plupart de ceux d’Henri Michaux, de tous ces écrivains qu’il est convenable d’encenser et de qualifier de plus grands écrivains français du vingtième siècle. Je dois avoir un défaut.

                Ce Julien Gracq par ailleurs me hérissait avec sa posture de pur écrivain retiré du monde littéraire, lui qui a changé son nom de Louis Poirier en un Julien Gracq plus vendeur et qui refusait de paraître en Livre de Poche mais pas dans La Pléiade

                Des morts de Noël, ce n’est pas lui que je vais regretter. Je préfère penser à Oscar Peterson dont je ne connais pas assez bien la musique et à Christian Bourgois qui m’a révélé tant d’écrivains depuis Boris Vian quand j’étais lycéen jusqu’à Antonio Lobo Antunes, Jim Harrison et bien d’autres, lui qui a eu le courage de publier en pleine tourmente intégriste Les Versets sataniques de Salman Rushdie, autre livre de ma bibliothèque qui me tombe des mains.

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