• Dixième Nuit Blanche de Paris, un petit tour et puis c’est tout

    En compagnie de celle que j’ai rejoint à Paris pour le ouiquennede, j’attends que commence la dixième Nuit Blanche, ce samedi soir d’octobre au temps estival. Assis au bord de la Seine, face à Notre-Dame, nous étudions le programme, constatant que pour les dix ans, rien d’exceptionnel et beaucoup de vidéos.

    Un peu avant sept heures, afin de nous rapprocher de l’Hôtel d’Albret pour participer à Purple Rain de Pierre Ardouvin (performance princière mise en avant), nous traversons le parvis de la Cathédrale où s’en tient une autre, hors programme, sous forme d’ostentatoire procession. Le clergé local en tenue verte et blanche sort du square Jean Vingt-Trois et entre dans le bâtiment qui sent l’encens (celui qui tient la crosse est l’archevêque au nom de futur pape André Vingt-Trois).

    Celle qui me tient la main veut d’abord voir Le Yéti de Fred Sapey-Triomphe. Nous sommes les premiers à pouvoir le faire, dès que s’ouvrent les portes de l’Espace des Blancs-Manteaux. L’animal en fourrure synthétique orange clignotant de milliers de loupiotes rouges sur fond bleu est plus petit que les cinq mètres annoncés. Il nous déçoit mais elle en fait quand même une photo.

    Une erreur d’aiguillage nous mène aux Archives Nationales où se tient l’exposition Fichés ? On en profite pour se faire ficher comme terroristes avec l’aide du Photomaton installé dans le jardin et puis on va voir la pluie. Ou plutôt non, on l’aperçoit de loin par la porte ouverte car nous refusons de nous ajouter à la file d’attente de plusieurs centaines de mètres, et même on se tire du Marais pour réapparaître aux Batignolles.

    Un coup d’œil pour les projections sur deux murs en pignon rue de Rome et nous entrons au lycée Chaptal. Dans les deux cours sont projetées des vidéos devant un maigre public : Ex, le retour de Cuba de Jacques Monory, et The Grand Finale, la récession vue par Karmelo Bermejo. Ce qui me plaît le plus, ce sont les toilettes du lycée, en sous-sol, éclairées à la minuterie, portes qui ne ferment pas et tenace odeur d’urine.

    A pied, on va vers Pigalle, nous arrêtant au Bal où la vidéo et le bar ne nous retiennent pas puis au Théâtre Ouvert de la Cité Véron où le piano mécanique de Katie Paterson ne nous donne pas envie de nous asseoir.

    Nous faisons une courte apparition à La Machine, l’ancienne chaufferie du Moulin Rouge (le lieu et la vidéo de Douglas Gordon Henry Rebel Drawing ne nous enchantent guère) et nous n’entrons même pas aux Trois Baudets pour la vidéo d’Elodie Pong Je suis une bombe (le vigile veut que nous passions par le détour des barrières de sécurité alors qu’il n’y a personne).

    La foule est dans les rues et aux terrasses, n’ayant rien à faire de la Nuit Blanche, lui préférant l’habituelle Nuit Saoule du samedi. Notre dernière étape est pour Still Life de Jean-François Bouchard, projection de photos sur le mur du terrain de basquette de la rue Duperré. On y voit une série de visages de poupées érotiques assorties des commentaires en anglais de leurs propriétaires.

    En définitive, rien d’autre à voir dans cette Nuit Blanche déclinante que ce qu’on trouve habituellement dans les galeries bien connues de la capitale. Lassés, à la station de métro de la place homonyme, nous prenons le premier pour chez elle.

    *

    Hôtel d’Albret. Un quidam, considérant les quelques qui se promènent sous la pluie pourpre protégés par des parapluies translucides, demande si c’est gratuit.

    « Qui payerait pour se balader sous la flotte ? » s’entend-il répondre.

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