• Elisa Jo en concert au Théâtre de l’Almendra

    Parfois cela sert à quelque chose de lire Paris Normandie. C’est grâce à ce quotidien régional que j’ai appris l’existence d’Elisa Jo, jeune artiste dont j’ai immédiatement écouté les chansons via Internet. Conquis, je suis allé jusqu’à l’Ecole de Musique de la rue Sainte-Marie afin de me procurer auprès de David Dauthieux un billet pour son concert de ce vendredi soir au Théâtre de l’Almendra.

    Aucune idée de l’endroit où se trouve cette salle de spectacle. Mappy me l’apprend et comme elle est presque aussi compliquée à dénicher que le Kalif, je pars tôt à pied sous le parapluie. Après la fatigante grimpette nommée route des Sapins (où pas un), j’arrive sur une placette découvrant du même coup ce Théâtre de l’Almendra et le Bateau Ivre (où je n’ai jamais mis les pieds, ses horaires ne sont pas les miens).

    Je suis évidemment le premier. J’attends à l’abri de l’entrée que l’heure soit décente d’en pousser la porte. Cela fait, je découvre un bar jouxté d’un canapé où l’on se détend avant le concert et une salle d’attente aux murs de laquelle sont accrochés des peintures, des photos et des dessins dans le genre que je n’aime pas.

    Avant que ne commence le concert, David Dauthieux me présente Elisa Jo à qui il répète ce que je lui ai dit le jour de l’achat du billet, que j’aime voir les artistes à leurs débuts.

    -J’espère que ça va vous plaire, me dit-elle.

    -Je suis sûr que ça ne va pas me déplaire, lui réponds-je

    La salle est très petite, quatre-vingts places. C’est un hangar voilé de noir avec une scène sur le sol couvert de tapis. Je m’installe au troisième rang.

    Une première partie est annoncée : un « musicien normand » qui n’est plus un débutant depuis longtemps. Il s’installe au piano électrique et joue des airs jazzeux comme on entend dans les cleubes où l’on s’ennuie tard le soir.

    Après la pause, David Dauthieux présente Elisa Jo, dont ce n’est que le deuxième concert, et la demoiselle, un nœud noir dans ses cheveux blonds, s’assoit derrière le piano électrique pour une première chanson en solitaire. Ça me plaît, c’est sûr. Ses trois musiciens lui tiennent compagnie pour la suite. Comme c’est en anglais, je ne comprends rien ou quasi, mais ce ne n’est pas grave. La voix et la façon de chanter suffisent à mon plaisir. A celui de tout le public aussi dans lequel pas mal d’ami(e)s de la chanteuse dont quelques-un(e)s de son lycée (elle a dix-sept ans) qu’elle sait modérer quand c’est nécessaire :

    -S’il vous plaît, calmez vos ardeurs.

    Elisa Jo passe à la guitare, s’asseyant sur un tabouret de bar et gérant avec un sourire le problème de la jupe des filles quand elles se perchent haut.

    -Souvent on me demande pourquoi je chante en anglais et à ceux-là j’aimerais bien répondre en anglais mais bon… C’est juste que ça me vient en anglais quand j’écris mes chansons. Pas toujours, parfois ça me vient en français.

    Elle nous chante sa chanson en français, plutôt bien écrite, où il est question de s’entremêler, puis poursuit en anglais alternant le piano et la guitare jusqu’à une dernière où, si je comprends bien, elle nous dit qu’elle est mieux sans nous.

    La dame la plus âgée du premier rang lui offre une fleur pendant les applaudissements debout. La demoiselle revient pour les rappels et c’en est terminé du deuxième concert d’Elisa Jo. Les prochains lui feront gravir quelques marches, l’un au Trianon Transatlantique en première partie de June and Lula le huit avril et l’autre en première partie de Yaël Naïm au Cent Six vendredi prochain.

    Ce samedi soir, je parle de cette jeune chanteuse à celle qui me rejoint le ouiquennede et quand je lui précise que je lui ai parlé, elle me demande : Elle est jolie ?

    Le lendemain, au moment du départ, je lui donne une page arrachée dans un vieux Télérama à la gloire du pianiste Arnaud Kientz qu’elle a vu plusieurs fois avec intérêt au côté d’Hélios Azoulay, un article illustré d’une photo avantageuse.

    *

    Sur France Culture, Raphaël Enthoven à la fin d’un de ses Nouveaux Chemins de la Connaissance évoquant ceux qui se plaignent de la programmation de trop de chansons anglo-saxonnes et qui lui demandent d’en diffuser moins : « La réponse est simple, il n’en est pas question. »

    *

    Une de mes lectures du moment : Enquête sur Edgar Allan Poe, poète américain de Georges Walter (Phébus Libretto). Extrait d’une lettre d’Edgar Poe (dix-huit ans) envoyée le dix-neuf mars mil huit cent vingt-sept à son père adoptif John Allan : Ma détermination est prise, à la fin, de quitter votre maison et de tenter de découvrir dans ce vaste monde un endroit où je serai traité autrement que vous m’avez traité.

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