• En boucle au sud d’Evreux, du passé lointain au futur proche

    Ce n’est pas par nostalgie, c’est que dorénavant ma fille vit pas loin, nous voici ce vendredi après-midi, celle qui m’accompagne et moi, contournant Evreux par la voie rapide puis prenant la route de Garel, hameau du Plessis-Grohan.

    Arrivés là, je lui montre le logement au-dessus de la Mairie où il y a trente-cinq ans j’ai habité un an le temps de faire l’instituteur dans la classe maternelle puis de devoir partir n’étant pas titulaire (comme on dit dans l’Education Nationale). Le hameau n’a guère changé, hormis la présence de fâcheuses maisons individuelles tout autour et la fermeture du restaurant dans la rue principale. Celle qui me tient la main se demande si elle aussi, dans trente ou quarante ans, passera par les lieux où elle a vécu jusqu’ici.

    Nous repartons et, moins d’un kilomètre plus loin, je m’arrête dans un autre hameau, celui des Grands-Baux, commune des Baux-Sainte-Croix. Lui aussi est abîmé par des constructions nouvelles, notamment derrière la mare dont on ne peut plus faire le tour comme lorsque je vivais ici, deux ans avant Garel, avec d’autres élèves de l’Ecole Normale d’Evreux,

    Je retrouve la maison, un corps de ferme jouxté d’un terrain tout en longueur. Un homme jeune s’occupe à couper de l’herbe jaunie tandis que son fils joue au ballon. Le mur du fond de jardin, autrefois en torchis, a été refait avec des agglos gris. La toiture du bâtiment donnant sur la rue est effondrée. Une partie de celui à gauche de la grille est fermée par des agglos. Des fenêtres en pévécé remplacent celles d’avant. Je lui montre, inchangée, la porte des toilettes d’alors, simple bidon qu’il fallait vider régulièrement.

    -Je n’imaginais pas ça comme ça, me dit-elle. En fait, je n’imaginais rien.

    L’épicerie café des Baux-Sainte-Croix où nous allions nous ravitailler, parfois en triporteur, est toujours là mais fermée pour vacances. Nul endroit où boire un verre, je l’emmène dans la forêt du duc de Broglie. Je me gare à l’ombre, que les tartelettes au citron ne souffrent pas trop. Nous nous promenons sur les chemin privés jusqu’à près de seize heures, puis gagnons le village proche où ma fille et son ami viennent de s’installer dans l’attente d’un événement.

    Je trouve assez facilement l’élégante petite maison au bord de l’Iton. Sous le noyer, nous discutons longuement.

    *

    Tiens, Michel Rocard semble avoir retrouver sa lucidité, qui déclare dans Marianne après les derniers propos de Sarko, le fat sot : «Quand on va chercher l’électorat au Front national, voilà sur quels scandales on débouche. La loi sur les mineurs délinquants passe de la responsabilité pénale individuelle à la responsabilité collective. On n’avait pas vu ça depuis Vichy, on n’avait pas vu ça depuis les nazis. Mettre la priorité sur la répression, c’est une politique de guerre civile.»

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