• En lisant Philosophie pratique, morceaux choisis de Giacomo Leopardi

    L’on s’obstine à attribuer à mes circonstances matérielles ce qu’on ne doit qu’à mon entendement se plaignait Giacomo Leopardi dont je viens de lire des textes choisis, traduits de l’italien et présentés par René de Ceccaty une sélection publiée chez Rivages poche sous le titre Philosophie pratique. Leopardi fait allusion à sa laideur, à son nanisme et à sa bosse.

    Ces extraits sont tirés de sa grande œuvre en prose, le Zibaldone, un journal philosophique de près de cinq mille pages. Je referme le livre de fragments après avoir fait ma propre sélection :

    L’homme hait autrui par nature, et nécessité, et par conséquent, tout comme les autres animaux, il est naturellement disposé contre le système social. Comme la nature ne saurait jamais être vaincue, nous voyons qu’aucune république, aucune institution, aucun ordre, aucun moyen moral, politique, philosophique, d’opinion, de force, de circonstance quelconque, de climat, etc. n’a jamais suffi, ni ne suffit, ni ne suffira à faire que la société marche comme on voudrait… (deux novembre, jour des Morts, mil huit cent vingt-deux)

    On désire bien souvent la compagnie de quelqu’un, on y trouve une pâture, un plaisir nouveau et extraordinaire : on ne voit pas bien pourquoi, mais on l’attribue à l’amabilité de ses manières et de son caractère. La raison véritable, c’est qu’il sait faire en sorte que nous nous estimions plus que nous ne le faisions jusque-là, ou nous conforte dans la bonne opinion que nous avions de nous. (quinze janvier mil huit cent vingt et un)

    L’homme est ahuri de voir vérifiée dans son propre cas la règle générale. (quatre décembre mil huit cent trente-deux)

    Deux vérités que les hommes généralement ne croiront jamais : l’une est de ne rien savoir, l’autre de n’être rien. Ajoute la troisième, qui dépend essentiellement de la deuxième : de n’avoir rien à espérer après la mort. (seize septembre mil huit cent trente-deux)

    L’égoïsme commun cause et nécessite l’égoïsme de chacun. Car quand personne n’agit pour toi, tu ne peux vivre qu’en te consacrant exclusivement à toi-même. Et quand les autres t’enlèvent tout ce qu’ils peuvent, et pour leur propre avantage se préoccupent peu du tort qu’ils te font, si tu veux vivre, il convient que tu luttes pour toi-même et leur disputes tout ce que tu peux. (deux janvier mil huit cent vingt et un)

    Enfin ceci, qui est plus que jamais vérifiable quoique certain(e)s ne passent pas par le premier stade :

    Trois états de la jeunesse : 1. espoir, peut-être le plus pénible de tous. 2. désespoir  furibond et rebelle. 3. désespoir résigné. (mil huit cent vingt-cinq)

    *

    A ne pas jouer le jeu de la flatterie avec Alain Aubourg, je savais bien ce que je risquais ; mais s’en prendre à celle qui était avec moi chez point de vues en lui faisant jouer le rôle d’une cruche, c’est vraiment bas.

    Le Major, pour la susceptibilité, rien à prouver ; pour l’élégance, on repassera.

    *

    Il était pourtant bien aimable quand il me demandait de chercher à Paris un livre quasiment introuvable pour l’une de ses filles. M’a même offert l’une de ses Cathédrales en remerciement quand je l’ai rapporté.

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