• En manifestant, et pas tout seul, dans les rues de Rouen.

                « Sarkogne » comme le dit une pancarte, mais en face il y en a du monde, plusieurs milliers de manifestant(e)s assurément, je ne sais au juste combien, encore davantage qu’en octobre, réunis pour protester contre la politique du Tout Puissant de la République et ses répercussions sur la fonction publique. Les étudiants sont là également, massés au pied de la statue, au bout du boulevard Clemenceau, les lycéens sur le côté.

                Un drapeau me frôle, c’est celui d’un policier du Syndicat Général de la Police, ses amis d’un autre syndicat arrivent derrière une petite voiture à gyrophare et à grosse sirène. La police est avec nous. Les pompiers aussi. Ils ont sorti le petit camion à pin pon. Les syndicats doivent passer devant et les étudiants se mettre derrière la Cégété, c’est compter sans l’impétuosité de la jeunesse. Quand ils en ont marre d’attendre, les lycéens se jettent dans le défilé qui démarre et l’ « Université de Rouen mobilisée » les suit.

                Je remonte cette ardente troupe pour me placer un peu en avant avec les grévistes de Sud. « Retraites : Trente-sept années et demi de cotisation pour tous », dit leur banderole. Je suis d’accord avec cette proposition équitable. Un manifestant d’un certain âge porte une affiche où il a écrit « Education Nationale : précarité : quarante-sept contrats en six ans », encore un privilégié. Un autre propose de régler le problème des cotisations en triplant les salaires, comme Sarkozy l’a fait pour lui. Une autre banderole annonce « On ne négocie pas avec les terroristes gouvernants ».

                Pour le reste c’est comme d’habitude, slogans, fumigènes, pétards et circulation automobile bloquée pour un bon moment. Certains commençants apeurés ont baissé rideau ou fermé boutique. La rue Jeanne-d’Arc est évitée. Le cortège continue par la rue du Canuet, au bout de laquelle je détecte les fonctionnaires des Renseignements Généraux qui comptent le manifestant.

                Il commence à pleuvoir et je suis compté, je peux m’arrêter là. Je regarde passer les branlotins et les branlotines. Je sais que dans dix ans, il n’y en aura plus qu’un sur dix dans les manifestations. Les autres paieront les traites du pavillon et mettront en route le deuxième enfant. Tiens, voici les étudiants en gymnastique. Ils courent trois fois autour d’une voiture place Cauchoise. Les sportifs n’ont aucun répit, il faut qu’ils s‘entraînent tous les jours. Allez, je rentre.

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