• Encore un café rouennais où je ne mettrai plus les pieds

    Quand j’arrive au Vascœuil, mardi vers quatorze heures trente, la plupart des tables sont encombrées par les reliefs des déjeuneurs et déjeuneuses parti(e)s depuis un moment et quelques-unes sont occupées par des pas pressé(e)s d’aller travailler. Je prends celle qui est disponible contre la vitre, trop près de la porte qui reste souvent ouverte. J’en secoue le tapis plein de miettes et jamais lavé.

    La serveuse met un certain temps avant de prendre conscience de mon existence. Je bois mon café en regardant un jeune prof à l’air paysan corriger ses copies et en écoutant la conversation des convives d’à côté. L’un est un boulanger au crâne rasé. L’autre est un ancien boulanger devenu commercial en farines suite à son divorce. Il se vante d’avoir arnaqué son ancienne femme qui travaillait gratuitement pour lui.

    -Je lui ai dit si tu me mets aux prud’hommes, je te mets un coup de fusil.

    Il raconte aussi à son invité comment il s’est fait payer la nouvelle toiture de sa maison par les impôts en leur faisant croire que c’était celle de sa boulangerie.

    Ces deux lourdauds finissement par partir et arrive un ami du professeur. Ce dernier abandonne ses copies et lui montre le trombinoscope d’une de ses classes, des têtes de lycéen(ne)s en couleur dont il se moque, tentant de faire partager son hilarité à celui qui mange son sandouiche en buvant une bière.

    -Regarde la tronche de celle-ci, et celui-là, on dirait un présentateur de la Rai.

    Je tire la porte derrière moi, me promettant de ne plus revenir.

    *

    Un livre que je dois me procurer : Hymnes à la haine de Dorothy Parker (Phébus Libretto)

    Je hais les fêtes :
    Elles réveillent en moi ce que j'ai de pire...

    *

    Un livre dont j’aurais dû me passer : Si je devais… de Germaine Beaumont (Le Dilettante)

    La supériorité des ballons rouges sur les avions, c’est qu’ils ne vont nulle part.

    Je te corrige, Germaine : La supériorité des ballons rouges sur les avions, c’est qu’on ne sache pas où ils vont.

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