• Entendant par ma fenêtre ouverte la causerie de Patrice Quéréel dans la galerie d’en face

    Juste en face de ma maison se trouve La Page Blanche, une sorte de galerie d’art où dessinent, peignent et parfois exposent des dames que leur milieu social oblige à combattre l’ennui et l’oisiveté. Elles y organisent aussi des soirées contes, ou chansons, ou danses, pour lesquelles se déplacent des comme elles, parfois accompagnées d’un mari.

    Depuis quelques semaines, devant les fenêtres, deux vraies fausses Roues de bicyclette y sont installées. Aussi ne suis-je pas surpris ce dimanche après-midi de Journée du Patrimoine de voir afficher pour seize heures une causerie avec Patrice Quéréel qui est à Marcel Duchamp ce qu’est le Loriot d’Honfleur à Alphonse Allais.

    Ce spécialiste des avant-gardes d’avant-hier (comme aurait dit Maurice Nadeau) arrive dans sa salopette rose, bientôt rejoint par les quelques groupies qui le suivent n’importe où dont son filmeur coutumier (lequel était la veille en admiration devant Laurent Ruquier, beauf télévisuel, m’apprendra le lendemain une photo du site Paris Normandie). Les dames artistes habituées du lieu sont également là, venues s’encanailler, ainsi que des curieux qui passaient par la ruelle. En fait de causerie il s’agit d’un cours magistral : Duchamp sa vie son œuvre.

    A l’issue, ce petit monde s’agite. C’est qu’il est question de passer aux travaux pratiques : aller sous la conduite du piqué de Duchamp rebaptiser une rue du voisinage. On cherche à entraîner le touriste de passage « Vous connaissez Marcel Duchamp, le grand artiste révolutionnaire ?  Venez avec nous, on va débaptiser une rue ». La propriétaire de la Page Blanche, elle aussi vêtue de rose, court derrière avec un escabeau.

    Au retour, Patrice Quéréel est couronné de fleurs puis cela s’achève comme il est d’usage chez les bourgeoises d’un certain âge, avec des petits gâteaux.

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    « Je suis actuellement au Royaume-Uni pour des raisons de santé assez fragile. Il s’agit d’un cancer en phase terminale. » m’écrit sans rire une certaine Flavia Silvia Pellicano qui veut faire de moi son héritier.

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    Autre mail, d’une lectrice, pour m’apprendre qu’elle aussi a cru voir Salman Rushdie. C’était à Rouen, place Jacques-Lelieur, il était au bras d’une jeune femme. Mon hypothèse: Rushdie a été cloné en grand nombre pour déjouer la fatwa (le mien était quand même peut-être le vrai).

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