• Exposition Charles Fréger (Wilder Mann et compagnie) à la galerie du Pôle Image et à l’abbatiale Saint-Ouen

    Rouen entre les deux fêtes, c’est l’envahissement des rues par tout un tas d’oisifs déambulant en famille et sans but. Les cafés ne sont pas plus tranquilles puisque les mêmes s’y succèdent dans le but d’aller aux toilettes. Pour trouver un peu de calme, j’entre ce vendredi après-midi à la galerie du Pôle Image où je suis assuré de ne trouver personne d’autre que l’ancienne élève de l’Ecole des Beaux-Arts n’étant pas devenue artiste qui en assure le gardiennage. On y montre les œuvres d’un autre ancien des Beaux-Arts de Rouen, ayant lui réussi, Charles Fréger, grand voyageur, connu pour ses photos ethnographiques autant qu’artistiques, des images en couleurs et en séries montrant des humains en tenue d’apparat, militaires, patineuses, sikhs ou encore majorettes (une espèce en voie de disparition).

    -J’ai entendu dire que la galerie est menacée de fermeture, dis-je à sa gardienne.

    Elle me le confirme. Une décision du Conseil Régional est attendue pour juillet prochain. Sorti de là, je vais à l’abbatiale Saint-Ouen où se tient l’autre partie de l’exposition, celle montrant le travail récent de Charles Fréger, mais ce n’est pas le jour, l’endroit est fermé.

    Je m’y présente à nouveau ce samedi matin. Wilder Mann occupe le tour de la nef, photos d’hommes ensauvagés le temps d’une fête traditionnelle, prises souvent dans des pays de neige au nord et à l’est de l’Europe, peaux de bête, bois de cerf, tissus colorés, masques en bois, plumes et clochettes. Une jeune personne faisant office de médiatrice (comme on dit maintenant) m’apporte un recueil explicatif, ce qui me permet d’apprendre que ces costumes sont de sortie soit pour la Saint-Nicolas, soit au Nouvel An, soit aux Jours Gras, quand il s‘agit de faire peur aux pécheurs ou aux moutards et aussi de courir après les filles.

    Cette bonne exposition, dont l’affiche ici montre une photo peu attirante, est passée par le Mac/Val et Anvers avant d’arriver à Rouen. Je ne sais si là-bas on donnait comme ici la possibilité au public d’enfiler une tenue d’homme sauvage pour se faire photographier sur fond de neige, ce qui me consterne.

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    Dans le cadre de la disneylandisation de Rouen, cette abbatiale Saint-Ouen verra en avril une forêt poétique pousser en son intérieur par le truchement de la technique moderne, ai-je appris cette semaine. Gothique frémissant aura le soutien de la Matmut et la voix de Michael Lonsdale.

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    Au retour, j’écoute l’émission hebdomadaire consacrée à l’économie sur France Culture. L’invité en est Paul Jorion, anthropologue, sociologue, spécialisé dans les sciences cognitives de l'économie, qui, le trente novembre deux mille onze à cette même radio, comme je l’ai noté dans ce Journal à la date du lendemain, annonçait pour très bientôt la fin du capitalisme, déclarant : « Il est même déjà mort. Le cœur a fondu. »

    Ah, les belles histoires de l’oncle Paul.

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