• Exposition David Hamilton à la galerie Art Cube

    Début d’année à Paris, après un trajet sans histoire en train et en métro, j’arrive du côté de la Bastille une heure avant l’ouverture de Book-Off. Il fait beau et frais. Je me balade au hasard et arrive au viaduc des Arts, découvrant qu’on y grimpe pour accéder à la Promenade Plantée, dite aussi Coulée Verte, ancêtre de la High Line new-yorkaise.

    J’y marche pendant une demi-heure puis fais demi-tour et suis dans la librairie à l’ouverture. Ce n’est pas là que je trouve de quoi me plaire mais plus tard chez Mona Lisait rue Pavée d’où je repars avec Alfred Jarry, le surmâle des lettres de Rachilde (Editions Arléa) et L'érotisme de la femme: de la pudeur à la perversion (Tchou Editeur).

    Toujours à pied je rejoins Beaubourg. Jamais encore je n’avais vu une telle file d’attente pour entrer à la Bibliothèque. Jouxtant deux côtés du bâtiment, elle en dit long sur le sort que l’on fait aux étudiant(e)s en France. Autre file d’attente, celle de l’exposition Dali, aussi longue que celle de la Bibliothèque, et donc encore pire que lorsque je m’y suis risqué. Je passe chez Gilda dont les bacs n’ont rien à m’offrir puis la Seine.

    Vers treize heures j’arrive place Fürstenberg, petit carré orné de quatre arbres d’âge divers. Balthus y eut son atelier. Dans un angle est sis le Musée Delacroix. A l’angle opposé, c’est la galerie Art Cube qui expose David Hamilton, le photographe à la mode des années soixante-dix devenu non grata avec le retour de l’ordre moral. Le galeriste est à la porte, clé en main, mais il me laisse entrer, demandant à la jeune femme qui est avec lui quel genre de restaurant elle préfère. J’ai à peine le temps de voir quelques photos qu’il me dit qu’il ferme pour aller déjeuner. Je lui explique que je suis déjà venu trois fois pour rien, sa galerie étant fermée à chaque fois et sans explication. Du coup il s’excuse, me disant qu’il va attendre et m’expliquant qu’au rez-de-chaussée ce sont des photos faites à Ramatuelle en deux mille douze et au sous-sol des photos vintage. Je savais déjà tout ça, ayant écouté David Hamilton parler de cette expo au RenDez-Vous de Laurent Goumare sur France Cul.

    Evidemment, ce qui est enterré, rebaptisé vintage donc, c’est ce qu’on ne peut plus montrer ou regarder sans courir le risque de se voir qualifier de pédophile, photos que je connais presque toutes, ayant tous les livres d’Hamilton parus dans les années soixante-dix. J’entends la jeune femme demander au galeriste avec qui vit Hamilton aujourd’hui. Il vit tout seul à Ramatuelle.

    -Par contre, lui dit-il, Hugh Hefner, tu sais le fondateur de Playboy, vient d’épouser une fille de vingt-six ans, Il en a quatre-vingt-six.

    -Ah oui, soixante ans de différence d’âge, calcule-t-elle.

    Je remonte. Les photos récentes, aux modèles évidemment majeures, sont d’un kitch repoussant. Je ne m’attarde pas davantage, permettant au duo d’aller déjeuner. Les éventuels visiteurs se casseront le nez sur une porte fermée à une heure où elle devrait être ouverte, comme je l’ai fait trois fois.

    Dans l’après-midi un bus Vingt-Sept me reconduit à Saint-Lazare. S’y trouvent des parents qui n’en peuvent déjà plus de leurs enfants dont les vacances se prolongent cette année. On compte sur la grand-mère pour les emmener voir un film de Oual Disné. En attendant l’heure de mon train, je prends un café Chez Léon, routier de Paris. J’y lis l’ouvrage de Rachilde sur Jarry. Quel style épouvantable avait la femme de Vallette.

    *

    Les photos d’Hamilton aujourd’hui cachées en sous-sol étaient affichées dans la chambre de tant de filles. Je me souviens de celle croisée trop brièvement à l’école des Taisnières à Lyons-la-Forêt. J’ai déjà raconté ça, le lundi vingt et un juin deux mille dix.

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