• Exposition Delpire & Cie à la Maison Européenne de la Photographie

    Le Centre Pompidou toujours fermé pour cause de la grève due à la malfaisance de Sarkozy et de son pusillanime Ministre de la Culture (ce neveu du Mythe Errant placé là en raison de son nom, comme il y a quelques années Jean-Marie Le F-Haine s’était offert pour son parti un Charles de Gaulle, petit-fils de l’autre), c’est vers la Maison Européenne de la Photographie que je me dirige mercredi en fin d’après-midi, chargé de livres et de ma douleur à l’épaule.

    Je ne sais pas où la trouver dans le Marais. Je demande mon chemin à tout ce qui ressemble à un(e) intellectuel(le), en vain. C’est finalement un marchand de crêpes même pas né natif (comme dit le suspect Chirac) qui me l’indique. J’y entre juste à l’heure de la gratuité, à temps pour éviter une nouvelle drache.

    L’exposition en cours est Delpire & Cie. C’est un hommage sur plusieurs étages au talent multiforme de Robert Delpire, aujourd’hui âgé de quatre-vingt-trois ans et demi et qui vient d’ouvrir la Magnum Gallery à Saint-Germain-des-Prés.

    Je parcours ces étages et demi-étages où sont montrés cinq cents photos, cent cinquante livres, des originaux, des catalogues, des panneaux publicitaires, des cartons d’invitation, croisant et recroisant de nombreux garçons et filles qui font des études dans le domaine et s’instruisent.

    J’y découvre Neuf, la revue de la Maison de la Médecine, dont, dans les années cinquante, alors qu’il est étudiant en médecine, âgé de vingt-trois ans, Delpire fit une brillante revue artistique (y publiant Doisneau, Breton, Capa, Miller, Sartre, Picasso, Cartier-Bresson, Brassaï, Frank, etc.), travail poursuivi, études de médecine abandonnées, avec L’Oeil, autre riche revue.

    J’y vois Qui êtes-vous Poly Maggoo ?, film de William Klein, prix Jean-Vigo en soixante-sept, que Delpire a produit, que j’ai déjà dû voir autrefois.

    J’y retrouve Max et les Maximontres, ce sympathique livre pour enfants de Maurice Sendak, que Delpire a publié le premier en France en soixante-sept.

    J’y revois les publicités signées Delpire pour Cacharel (photos de Sarah Moon, son épouse), L’Oréal, Citroën et Habitat.

    J’y fais le tour des livres parus aux éditions Delpire, parmi lesquels le célèbre Les Américains de Robert Frank, ainsi que les collections Photo Poche et Poche Illustrateur.

    J’y trouve, parmi tous ces livres, Le Labyrinthe de Saul Steinberg, publié par Delpire en mil neuf cent soixante, (Steinberg que j’ai découvert un peu tard l’autre semaine à Strasbourg au Musée Tomi Ungerer).

    J’y apprends que les calendriers d’Amnesty International, c’est aussi Robert Delpire, que les numéros spéciaux consacrés à la photo du Nouvel Observateur, c’est toujours lui. Je feuillette le dernier, datant de deux mille neuf, titré Tout seul. J’y lis ceci de Paul Valéry, tiré des Dialogues : Un homme seul est toujours en mauvaise compagnie et ceci de Louis-Ferdinand Céline, tiré du Voyage au bout de la nuit : Etre seul c’est s’entraîner à la mort, de quoi me donner un peu à penser pendant le toujours trop lent voyage du retour à Rouen.

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