• Exposition France 1500 (Entre Moyen Age et Renaissance) au Grand Palais

    Le train pour Paris est à l’heure mercredi matin. Tandis que mes voisines font comme chez elles, l’une dans sa cuisine mangeant un yaourt, l’autre dans sa chambre posant sa tête sur un oreiller gonflable, je fais comme chez moi dans mon fauteuil, lisant Promenades parisiennes de l’écrivain roumain Mihail Sebastian (Glose L’Herne).

    Ma promenade parisienne me mène au soleil levant dans le Quartier Latin puis en début d’après-midi vers Beaubourg. Je visite les librairies mais me garde bien d’y acheter des livres, l’heure est au désengorgement de mon appartement.

    Un peu avant seize heures, je suis devant le Grand Palais avec en poche mes deux entrées coupe file pour l’exposition France 1500 (Entre Moyen Age et Renaissance) offertes fin deux mille dix par France Culture. J’attends celle qui étudie dans la capitale. Je me pèle sur le trottoir. J’observe les arrivant(e)s, essentiellement des bourgeois(e)s de belle vêture parmi lesquel(le)s beaucoup de vieux et de vieilles dont certain(e)s ont l’air de sortir de leur lit de mort et gravissent difficilement les marches.

    A seize heures précises, celle que j’espère sort de la bouche du métro et sans attendre nous entrons dans celle du Grand Palais. Il y a du monde, trop de monde, dans la semi obscurité. Nous cherchons les failles pour nous approcher des œuvres parmi lesquelles de très belles peintures et statues, de beaux vitraux et livres enluminés, de moins attrayantes tapisseries.

    Visitant le Louvre en mil neuf cent trente, Mihail Sebastian écrit : Je reconnais les Français à ce qu’ils parlent peu, qu’ils marchent lentement et que ce sont eux qui s’excusent si on les bouscule par mégarde. Ce mercredi au Grand Palais, il n’y a pratiquement que des Français(e)s. La marche lente est obligatoire. On se bouscule civilement. Je dois insister pour convaincre une vieille dame que ce n’est pas grave si elle m’a bousculé (ou si je l’ai bousculée). Une autre me rappelle ce qu’est un chambranle (ma question à celle qui me tient la main étant restée sans réponse bien qu’elle soit du bâtiment).

    Une dame se vante d’avoir vu l’exposition Monet d’à côté avec pas plus de dix personnes par salle.

    -Ah bon, c’était quand ? lui demande, incrédule, celui qui l’accompagne.

    -C’était une visite privée.

    Nous deux, on aime beaucoup les peintures de Jean Hey (une découverte) et je suis ramené à mes origines (Louviers, Gaillon, Rouen) par la grâce de Georges Premier d’Amboise, archevêque mécène. J’ignore tout de cette histoire, ne sais rien du château de Gaillon, n’ai pas les connaissances religieuses pour bien comprendre ce que je vois, mais qu’importe, ce qui m’intéresse, ce sont les êtres humains que je vois là si bien représentés, nous ressemblant.

    Elle me quitte vite quand nous en avons fini, vers dix-huit heures. Pour elle, une nuit sans sommeil, à travailler. Pour moi, un train à l’heure vers la Normandie, dans lequel je termine les Promenades parisiennes.

    A Rouen, mercredi soir, il pleut et pas qu’un peu.

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    Une suggestion pour les journalistes en mal d’idée de reportage. Les visites privées des grandes expositions : qui les organise, qui en profite, etc.

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    Une question dont je connais la réponse. Jusqu’à quand les critiques littéraires de Libération, de France Culture, et autres, prendront-ils Philippe Sollers pour un grantécrivain ? Jusqu’au lendemain de sa mort, quand ce grand manitou de l’édition ne pourra plus leur être utile.

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