• Gothique frémissant à l’abbatiale Saint-Ouen de Rouen

    Ce jeudi soir, un peu avant vingt et une heures, je suis parmi celles et ceux, mélange de touristes et d’autochtones, qui attendent l’ouverture de la porte étroite de l’abbatiale Saint-Ouen, regardant deux jeunes hommes qui, passant par là, en chemin vers quelque fête alcoolisée, se sont arrêtés et hésitent. Faut-il ou non se joindre au troupeau ? L’un d’eux vient me voir et me demande si je sais pourquoi on attend ici.

    -Oui, lui réponds-je sans lui en dire davantage.

    Déconcerté, il ose à peine m’interroger sur ce qui doit se passer

    -Une sorte de son et lumière d’intérieur, lui dis-je.

    Celles et ceux devant moi avançant je suis et ne sais si lui et son camarade décident d’entrer ou non. La plupart des présent(e)s se précipitent sur des chaises et lèvent le nez vers la voûte de l’édifice. Celle-ci et les piliers sont le réceptacle d’images animées filmées dans une véritable allée d’arbres de l’Eure et envoyées sur la pierre à l’aide d’énormes projecteurs inesthétiques. Cela se nomme Gothique frémissant. C’est une animation temporaire de Rouen Parc à Thèmes.

    Projeter une haute futaie sur l’architecture gothique est pléonastique mais sied aux assis d’ici. Nous passons par les quatre saisons et toutes les heures du jour et de la nuit. La bande son me rappelle les disques de bruits de la nature que je faisais entendre à mes élèves de maternelle autrefois, tonnerre, hibou, ruisseau et corneilles. Trop souvent des éclairs heurtent le regard, ce sont ceux provenant des appareils des multiples photographes occupés à tous faire la même photo. Sur les piliers devenus troncs sont également projetées des sentences évoquant la nature, un vrac directement issu de sites de citations du genre Evene, de Racine à Coluche en passant par n’importe qui. Au bout des dix minutes, les applaudissements résonnent. Je sors et retrouve avec intérêt les arbres du jardin de l’Hôtel de Ville.

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