• Intégrale des quatuors de Beethoven par le Quatuor Ysaÿe en concert d’adieu à l’Opéra de Rouen (Un)

    Pendant trois jours en neuf concerts les dix-sept quatuors de Beethoven, c’est ce que propose, à l’Opéra de Rouen, ce ouiquennede, le Quatuor Ysaÿe qui se sépare après trente ans de vie commune. Certes, seul l’un d’entre eux est là depuis le début et le vrai concert d’adieu aura lieu le vingt-quatre janvier à la Cité de la Musique, mais on ne va pas faire la fine oreille et je suis donc au premier rang ce vendredi soir pour les six premiers quatuors donnés par Guillaume Sutre (premier violon), Luc-Marie Aguera (second violon), Miguel da Silva (alto) et Yovan Markovitch (violoncelle).

    Autour de moi, on essaie de comprendre, à partir des indications incohérentes du livret programme, comment s’organise la soirée. J’ai eu droit pour ma part à un petit papier explicatif, étant passé voir les guichetières dans l’après-midi, mais nul ne me demande éclaircissement.

    A dix-neuf heures, les quatre héros du ouiquennede s’installent, attaquent l’Opus 18 n°3 et conquièrent le public. Pendant l’Opus 18 n°1, la dame rousse à ma droite se met à tousser affreusement et prend la fuite en laissant son sac.

    -Tu as déjà réussi à te débarrasser de ta voisine, me félicite, au premier entracte, l’ami Masson, venu sans son chapeau, qui me surveillait depuis le balcon.

    Je lui explique que je n’y suis pour rien mais que j’ai été bien content de la voir partir. Autour de nous, on mange. Certain(e)s sont venu(e)s avec leur propre sandouiche au jambon.

    A la reprise, vers vingt heures trente, la dame tousseuse vient aimablement s’excuser, expliquant qu’elle a trouvé place en loge où elle gênera moins en cas de récidive. Elle n’est pas la seule à tousser. L’intervalle entre les mouvements est mis à profit par une quantité de bronchiteux pour expectorer. Une antenne de Médecins du Monde aurait été la bienvenue dans une tente sur le parvis. Je ne sais pas comment le ressentent les musiciens qui en sont maintenant aux Opus 18 n°2 et n°5. « Quel bonheur ! » s’exclame un monsieur à cheveux blancs. Je suis d’accord avec lui.

    Pendant le second entracte, je discute avec l’un de mes lecteurs, mi-parisien mi-rouennais, ancien éditeur, notamment dans un domaine qui m’intéresse particulièrement (selon sa propre expression).

    Il est vingt-deux heures, nous en sommes à l’Opus 18 n°4 puis à l’Opus 18 n°6. J’observe les quatre interprètes, leurs regards de complicité, leur assurance, leur plaisir de jouer encore une fois ensemble.

    C’est un triomphe à l’issue de cette première soirée, une ovation debout justifiée. Le Quatuor salue, visiblement ému (comme on dit)

    *

    Au retour, je trouve ce message de l’ami de Stockholm : « Je vous envie, Rouennais abonnés, beaucoup ! J'aime beaucoup la Grande Fugue et la Cavatina de l'op 130, le 131, le préféré de Rohmer (je le sais grâce à tes dons de chineur et au livre De Mozart en Beethoven), le 74 dit les Harpes avec plein de pizzicati, le 132 avec le Chant de reconnaissance d'un guéri à la Divinité dans le mode lydien, mon moment préféré et cité hyper souvent chez Godard, les Rasumovski ne sont pas mal non plus et les quatuors du début sont très très frais... »

    De quoi me permettre d’ouïr mieux la suite.

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    L’avenue parisienne du dix-neuvième arrondissement où habite désormais celle qui est temporairement à New York n’est pas la plus courte de Paris comme je le croyais après lecture de l’article de Ouiquipédia à elle consacrée. Une autre est gagnante dans le seizième arrondissement, l’ami d’Orléans m’en avait alerté, l’ancien éditeur parisien me le confirme.

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