• Invité de Air Deux Air, la Radio du Campus de Rouen, pour l’émission Le micro dans tous ses états

    A quarante ans, j’étais encore immatriculé à la Sorbonne, je mangeais à la cantine des étudiants et j’espérais que cela durerait jusqu'à la fin de mes jours. Et puis est venue une loi qui a interdit l’immatriculation après vingt-sept ans et qui m’a chassé de ce paradis. expliquait Cioran à François Bondy en mil neuf cent soixante-dix.

    C’est cette anecdote qui me vient à l’esprit quand installé dans un fauteuil de la Maison de l’Université de Mont-Saint-Aignan où je lis, je vois venir vers moi, à la place de Corentin dix-huit ans qui m’a contacté par mail, Christophe-Xavier dit Cé-Ixe, l’autre animateur de l’émission Le micro dans tous ses états. Est-il encore immatriculé ou non ?

    L’homme à l’âge indéterminé, longs cheveux noués et long manteau de cuir, me précède. À l’escalier encore orné d’un magnifique sapin de Noël, il préfère l’ascenseur. Nous entrons dans le studio d’Air Deux Air, la Radio du Campus de Rouen, un endroit que je connais déjà pour y être venus deux fois en deux mille sept quand la radio étudiante s’appelait Radio Campus.

    Je suis donc l’invité de l’émission Le micro dans tous ses états ce lundi soir onze février, un tauque-chaud d’une heure, m’a dit Corentin qui arrive à son tour, jeune homme à l’allure sage en première année d’Histoire. Un troisième homme suit, jeune lui aussi, aux très longs cheveux et à la petite barbe, dont j’ignore le prénom, c’est le technicien. Il se tient dans l’aquarium, face auquel je m’assois, à ma gauche Cé-Ixe, à ma droite Corentin. Les deux ont plus ou moins préparé l’émission mais chacun de leur côté.

    Après avoir trébuché sur mon nom, Cé-Ixe démarre avec un portrait chinois, piochant dans une série de propositions qu’il sert à chaque invité(e). Il faut bien jouer le jeu. Je cite Balthus et Georges Perros, inconnus de mes hôtes, puis est diffusé la première des trois chansons que j’ai apportées : Il voyage en solitaire, titre de Gérard Manset repris par Bashung. Sur quoi, je lis mon texte écrit après avoir assisté à l’enterrement du chanteur en mars deux mille neuf.

    Corentin et Cé-Ixe en viennent au fait en me parlant de mes écritures. Leurs questions s’entrecroisent. Je sens une certaine rivalité entre le jeunot et l’ancien (qui redoute le jour où il n’aura plus le droit de manger au Restau U). Une nouvelle question n’ayant rien à voir avec la précédente ni avec mes propos me tombe dessus à un rythme soutenu. Je peux rarement aller au bout de mon propos. Je lis un deuxième texte, celui narrant la manifestation rouennaise des partisans du mariage gay et lesbien en janvier dernier et on envoie la deuxième chanson Punaise de Thomas Fersen, pendant la diffusion de laquelle le téléphone de Cé-Ixe sonne. C’est sa sœur qui lui dit qu’elle l’écoute.

    Une nouvelle série de questions suit, parfois intéressantes quand elles viennent de Corentin. Je réponds au mieux, réussissant à dire deux ou trois choses qui me tiennent à cœur (lorsque Cé-Ixe ne brouille pas le message). Après la lecture de mon troisième texte Par exemple, tiré de ceux autrefois publiés en revues, Corentin explique comment trouver mes écritures sur Internet et l’émission se clôt avec la troisième chanson apportée par mes soins : Boby chéri d’Emily Loizeau.

    Je remercie mes hôtes de m’avoir invité. Un Té Un me reconduit à Rouen. Des étudiant(e)s y parlent d’un Colocathon organisé pour la Saint-Valentin, une fiesta déclinée en un triptyque Dîner Sexe Rupture.

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    A la Maison de l’Université, dans le Bocal, une étudiante à trois autres : « Mon père, il a construit une prison près du Havre. Y zont piscine, hammam, salle de sport. Alors qui y a des gens qui dorment dehors. Il était dégoûté. Quand même, c’est abusé. » Aucune des trois autres ne conteste. Pas de quoi me donner envie d’être étudiant aujourd’hui.

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    A propos des prisons, deux extraits d’un document de la Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires Nord-Pas de Calais, Picardie, Haute Normandie à l’intention des chefs d’entreprise :

    « Savez vous que la prison est aussi une entreprise ? Une entreprise qui dispose de 200 000 m² d'ateliers, emploie quotidiennement 10 000 personnes, et fait réaliser aux sociétés qui y interviennent ou passent leurs commandes un chiffre d'affaire annuel d'environ 100 millions d'euros. »

    « Nous sommes en mesure de traiter tout type de commande, de la petite commande à des commandes demandant une centaine d’opérateurs grâce à une main d’œuvre disponible en permanence. »

    On ne peut pas passer tout son temps à la piscine.

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    Lu sur 76actu : « La Ville de Rouen offre par ailleurs un « poncho anti-pluie » aux 100 premiers abonnements ou réabonnements d’un an à Cy’clic, jusqu’au 4 mars 2013. »

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