• Je suis un bon citoyen

                A Rouen, ça se passe comme ça, sous la municipalité centro-sarkoziste. Quand il y a un dysfonctionnent sur la voie publique, c’est au bon peuple de le signaler par téléphone. Aucune ronde n’est systématiquement organisée par les services municipaux ou les sociétés privées sous-traitantes.

                En ce moment, c’est l’éclairage public qui laisse à désirer dans ma ruelle. Trois fois que j’appelle. Trois fois que c’est réparé puis que ça retombe en panne. A chaque fois, la dame que j’ai au téléphone, prend mon nom et mon numéro. Je vais finir par obtenir une médaille de bon citoyen.

                Qu’on ne la donne surtout pas à mes voisins, cette médaille. Pas un ne se bouge quand ça va mal dans le coin. Que ce soit panne ou graffiti, ils attendent tous qu’un abruti appelle. L’abruti, c’est toujours moi.

                Une fois, il y a quelques années, je sors de chez moi aux aurores avec mes bagages, partant en vacances. Je découvre sur un mur de la rue, fraîchement peinte, l’inscription « Mort aux juifs ». Je reviens une semaine plus tard. Le graffiti est toujours là. Ce qui signifie que pas un des employés municipaux (il en passe quand même, les balayeurs notamment), pas un touriste, pas un passant régulier, pas un habitant de la venelle, ne s’est indigné, n’a fait quoi que ce soit pendant sept jours pour aboutir à l’effaçage de cet appel au meurtre antisémite.

                Le lendemain de mon retour, j’ai appelé la dame qui prend en note mon nom et mon téléphone et l’inscription a été effacée dans la journée.

                Je n’en veux pas de la médaille du bon citoyen, Albert.

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