• Jean Yanne, Gustave Flaubert, Fessebeuque, Paris Normandie et moi

    Je passe trop de temps sur le réseau social Fessebeuque mais ne le perds pas toujours. Un ami (comme on dit) y met, jeudi dernier, une chanson de Jean Yanne Camille, décrivant par anticipation celle d’Arne Quinze : On dirait une chenille / Ou un dessin de Picasso / C'est comme un intestin grêle / Avec une tête au milieu, / Un gros triangle isocèle / Boursouflé jaune et visqueux!

    La fin de cette amygdale aux extrémités fourchues y est même prédite : Je prends Camille avec des pinces/ Et la remets dans son bocal. Je récupère cette chansonnette à mon compte et reçois un message de Sébastien Bailly de la maison Paris Normandie. Il a fait un article sur ce sujet pour le site de son journal le neuf juillet dernier.

    Je lis rarement Paris Normandie surtout quand je suis en vacances dans le milieu de la France.

    Je demande alors à Sébastien Bailly ce qu’il en est du texte de Flaubert sur les bohémiens lu au moins six fois sur Fessebeuque et aussi, dans un article non signé, sur le site de Paris Normandie, où l’a-t-on vu en premier ? Chez Paris Normandie, me répond-il.

    C’est une lettre de Flaubert à Georges Sand, datée du douze juin mil huit cent soixante-sept : Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s’étaient établis à Rouen. Voilà la troisième fois que j’en vois. Et toujours avec un nouveau plaisir. L’admirable, c’est qu’ils excitaient la Haine des bourgeois, bien qu’inoffensifs comme des moutons. Je me suis fait très mal voir de la foule en leur donnant quelques sols. Et j’ai entendu de jolis mots à la Prudhomme. Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens d’ordre. C’est la haine qu’on porte au Bédouin, à l’Hérétique, au Philosophe, au solitaire, au poète. Et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m’exaspère.

    Et Gustave de conclure : Du jour où je ne serai plus indigné, je tomberai à plat, comme une poupée à qui on retire son bâton. (son côté vieille fille hystérique).

    Je signale à mon interlocuteur que ce texte (qui provient du site de Gabriel Matzneff où celui-ci l’a mis en ligne le seize août dernier) a paru le premier septembre chez Paris Normandie et que je l’avais lu la veille chez Fessebeuque.

    « Gabriel Matzneff est un écrivain reconnu, le responsable de la rubrique livre suit son actualité. Je crois que c'est aussi simple que cela. » me répond Sébastien Bailly.

    Je ne sais pas qui est le responsable de la rubrique livre du quotidien régional mais quel talent !

    *

    Du temps, Fessebeuque vient de m’en dévorer à cause de ma photo de l’affiche « racaille, sans-papiers, bouffons, cas sociaux, fainéants, retraités, etc. » que nombre d’internautes (comme on dit) me demandent l’autorisation de reproduire.

    Cette photo me vaut aussi depuis deux jours une brochette de nouveaux « amis », comme jamais aucune de mes écritures.

    *

    Rouen, rue Guillaume-le-Conquérant, vendredi matin : une passante, dans un moment de lucidité, : « C’est pas la peine qu’on achète des choses qu’on a pas besoin ».

    *

    Devant la bouquinerie Le Rêve de l’Escalier, je rencontre une mienne connaissance. Arrive sa compagne qui me salue en disant « Enchantée ».

    -Mais, lui dit-il, vous vous connaissez déjà, pourquoi dis-tu « Enchantée » ?

    Elle répond qu’elle dit « Enchantée » pour dire  « Bonjour ».

    Eux partis et moi à l’intérieur du Rêve de l’Escalier, me vient à l’esprit que j’aurais dû leur dire (d’autant que tous deux sont musiciens) :

    -Je préfère, quand on me rencontre, qu’on me dise « Enchantée » plutôt que « Flûte ».

    J’ai l’esprit d’escalier hélas (pas seulement dans cette librairie).

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