• Journal du voyage en Amérique du Nord (23) : vendredi trente et un août deux mille douze, New York City (maison des Marx Brothers, Central Park, dernière soirée à Convent Avenue)

    Pour notre dernier jour à Harlem, celle qui m’y accueille est libre de sa journée. Nous nous débarrassons de la corvée du linge sale à l’habituelle laverie puis partons pour l’East Side avec l’envie d’y voir la maison des frères Marx mais d’abord, on déjeune dans un restaurant de la Deuxième Avenue. La serveuse qui s’occupe de notre table est particulièrement mal aimable avec nous. Elle est bientôt recadrée par ses collègues et nous sert avec le sourire un demi poulet accompagné de purée pour moi, une salade de poulet pour elle, un café et un thé.

    La maison de Sam et Minnie Marx, dans laquelle Zeppo, Chico, Harpo et Groucho passèrent leur enfance entre mil huit cent quatre-vingt-quinze et mil neuf cent dix, se trouve au 179 East 93rd Street, à l’angle de Lexington Avenue. Nous en faisons quelques photos puis gagnons Central Park où l’on tourne autour du Reservoir jusqu’à ce que l’on ait trop chaud. Nous nous couchons alors dans l’herbe et faisons un somme parmi les écureuils.

    Au réveil, elle fume une cigarette interdite puis on prend un métro C qui nous ramène à Convent Avenue. C’est le moment de faire les valises et le ménage. La mienne est vite faite. La sienne doit contenir six mois de vie new-yorkaise. Pendant qu’elle s’emploie à tout caser, je glande dans la cuisine à proximité du ventilateur, renonçant pour cause de chaleur excessive à faire une dernière sortie photographique dans Harlem. Quand elle en a fini, le poids de sa valise lui promet quelques soucis.

    Nous prenons un ultime repas dans l’appartement partagé. J’espère ne pas en oublier la chambre et la cuisine à l’allure vieillotte, le long couloir étroit éclairé par un plafonnier qu’on allume en tirant sur une chaînette, les prises électriques antédiluviennes, le mobilier et l’électroménager démesurés, les fenêtres à guillotine, la douche dans la baignoire.

    Ron, le colocataire qui ne faisait que manger et regarder la télé, s’en va aussi demain, retour à Puerto Rico après quatorze ans de présence à Convent Avenue. Pour nous, c’est le début d’un voyage d’un mois en direction des Grands Lacs et les premières vacances depuis longtemps de celle que j’accompagne.

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    Les extraits de séries américaines vues par hasard avant d’être dans le pays me laissaient croire que les actrices et les acteurs surjouaient. Pas du tout, c’est ainsi que se parlent les New-yorkais(e)s, avec souvent des voix haut perchées et déplaisantes (il faut bien le dire) chez les femmes, basses et agréables chez les hommes. Se parler à NYC, c’est se regarder dans les yeux.

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    Automatismes verbaux : « How are you doing ? », «You’re welcome! », «Enjoy you taste! », «Take care! », «Have a great day! ».

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