• L'ensemble vocal Ludus Modalis à l'Opéra de Rouen

                En soirée, à l’Opéra de Rouen pour y entendre Ludus Modalis, ensemble vocal polyphonique de création récente. Je suis assis à l’orchestre, devant moi un aussi grand que moi qui me gêne. Je surveille les places restées libres et, quand les portes se ferment, j’opère une translation arrière droite qui me place en premier rang de corbeille, à côté d’un jeune homme brun à lunettes qu’il me semble avoir déjà vu quelque part.

                Dix chanteurs et chanteuses sont sur scène, avec le renfort de sept choristes du Conservatoire de Rouen dont certains très jeunes, pour interpréter des œuvres de Roland de Lassus, musicien wallon du seizième siècle  Leur chef, Bruno Boterf, est parmi eux et chante également, tout en dirigeant face au public, une façon, me dit le programme de « faire perdre à l’interprétation tout caractère ostentatoire ». Ce qui est sûr, c’est que c’est très beau.

                Ce soir, Ludus Modalis s’offre une incursion dans le vingt et unième siècle avec deux créations : Sur la lyre à dix cordes de Vincent Bouchot (sur des extraits de psaumes, avec un la medium tenu au synthétiseur) et Au-dessous des étoiles de Thierry Pécou (sur un poème de Paul de Brancion, né en mil neuf cent cinquante et un, une bonne année).

                Cette dernière œuvre interprétée, je vois le jeune homme assis à ma gauche se lever précipitamment et courir vers le plateau. Evidemment, me dis-je, c’est Thierry Pécou, que j’ai déjà vu grimper sur scène en octobre au Conservatoire pour Quelqu’un parle au tango. J’aurais dû le reconnaître mais je ne m’étonne guère de ne pas l’avoir reconnu.

                C’est un de mes travers, impossible pour moi de fixer les traits de quelqu’un(e) avant de l’avoir vu(e) plusieurs fois. Ce qui me vaut régulièrement de saluer dans la rue ou ailleurs des personnes que je sais connaître mais sans savoir qui elles sont ou d’en saluer que je crois connaître alors que je ne les connais pas ou, pis encore, de n’en pas saluer que je connais, ne les ayant même pas reconnues, ce qui doit me valoir au choix une réputation d’impoli, d’hurluberlu ou de petit prétentieux.

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